« germer », définition dans le dictionnaire Littré
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germer
- 1Il se dit des grains, des tubercules, des bulbes qui commencent à faire apparaître leur germe.
M. Linné, le plus célèbre botaniste de l'Europe, reçut enfin cet arbrisseau germant [le thé] et il parvint à le conserver hors des serres, en Suède même
, Raynal, Hist. phil. v, 26.On lit dans l'Encyclopédie au mot végétation, que des haricots d'Amérique, tirés du cabinet de l'empereur, avaient germé par les soins d'un jardinier, quoique les haricots eussent deux cents ans
, Bonnet, Paling. philos. III, 4.Par extension.
Voyez germer à l'œil les semences du monde
, Régnier, Sat. IX.Fig.
Qui pourrait exprimer la joie qu'elle ressentait, lorsqu'elle voyait paraître ses bonnes inclinations [du jeune fils de Louis XIV], croître ses bonnes habitudes, et germer ces précieuses semences de gloire et de vertu qu'elle avait jetées avec tant de soin dans son cœur ?
Fléchier, Mme de Montausier.Il n'en résulterait aucun des mauvais effets qui en germent à milliers
, Montesquieu, Lett. pers. 85.La terre sous leurs pas fait germer tous les maux
, Ducis, Abufar, III, 2. - 2S'implanter dans les esprits ou dans les cœurs. Ces idées commencent à germer dans les esprits.
…Si quelques vertus germent dans votre cœur…
, Voltaire, Triumv. III, 6.L'écrit du citoyen obscur fut une semence qui germa peu à peu dans la tête des grands hommes
, Voltaire, Polit. et lég. Ce qu'on ne fait pas. - 3 V. a. Faire germer ; se dit dans le style biblique et poétique.
Ton sang, en quelques lieux que sa fougue t'emporte, Laisse empreinte à longs traits la gloire de ton nom ; Et c'est une semence illustre, vive et forte Qui de nouveaux martyrs germe une ample moisson
, Corneille, Vers des hymnes de St Victor.Que la terre s'ouvre et qu'elle germe le Sauveur, et que la justice naisse en même temps
, Sacy, Bible, Isaïe, XLV, 8.Que la terre germe l'herbe verte qui renferme une semence
, Fénelon, t. III, p. 76.L'homme, enfant et fruit de la terre, Ouvre les flancs de cette mère Qui germe les fruits et les fleurs
, Lamartine, Joc. IX.Il interdira aux coteaux du Midi de germer l'olive et la vigne pour les hommes du Nord
, Lamartine, Disc. pron. à Marseille, 14 août 1847.Germer, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut exprimer l'action de germer : la graine a germé hier ; avec l'auxiliaire être, quand on veut exprimer l'état : la graine est germée depuis hier.
HISTORIQUE
XIIe s. Deus le vesti de peals, lui et nus [nous] mortals fist ; Es ovraignes Adam nostre terre maudist, Qui nus [nous] germe pechiez et dunt poi de bien ist [sort]
, Th. le mart. 32. Il tolent tot ce que les bones pensées ont germeit
, Job, p. 444. Li racine d'amariteit germerat
, Saint Bernard, 561.
XIIIe s. La terre s'esleecera [réjouira] germanz
, Psautier, f° 75.
XVIe s. Ce sont les vrayes semences de la cruauté : elles se germent là
, Montaigne, I, 107. Le froment, s'acheminant à germer et produire
, Montaigne, II, 186.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, germi, namur. jaurner ; Hainaut, gerner, jarner ; provenç. germenar ; espagn. germinar ; ital. germinare ; du lat. germinare, de germen, germe.