« gabelle », définition dans le dictionnaire Littré
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gabelle
- 1Anciennement, l'impôt sur le sel.
Un de ses frères qui se mêlait de faire des convois de faux sel, était guetté par les archers des gabelles
, Scarron, Rom. com. II, 12.Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé, L'autre portant l'argent de la gabelle
, La Fontaine, Fabl. I, 4.Cela ne leur sied-il pas mieux que d'entrer dans les gabelles ?
La Bruyère, XIV.Le royal directeur des aides et gabelles… Le mot d'aide s'entend, gabelles m'embarrasse ; D'où vient ce mot ? — d'un juif appelé Gabelus. — Il y eut en effet le juif Gabelus qui eut des affaires d'argent avec le bonhomme Tobie ; et plusieurs doctes très sensés tirent de l'hébreu l'étymologie de gabelle, car on sait que c'est de l'hébreu que vient le français
, Voltaire, les Finances.Pays de gabelle, les provinces où l'impôt de la gabelle était établi.
Provinces des grandes gabelles, celles où l'impôt sur le sel était le plus fort ; provinces de petites gabelles, provinces où la vente du sel était volontaire, c'est-à-dire où les habitants des paroisses n'étaient pas forcés d'acheter le sel aux magasins de la gabelle.
Indépendamment des grandes divisions qui sont connues sous le nom de pays de grandes gabelles, de pays de petites gabelles, de pays de saline, de pays rédimés et de pays exempts, on voit encore au milieu de chacune d'elles des distinctions de prix
, Necker, Compte rendu au roi, janv. 1781, p. 82.Frauder la gabelle, faire quelque fraude pour échapper aux droits du sel ; et fig. échapper par adresse à une obligation qui pèse sur tous les autres.
Gabelle personnelle, obligation imposée à chaque personne de prendre dans les greniers de l'État une quantité de sel déterminée ; par opposition à gabelle réelle ou gabelle volontaire, qui exprimait la quantité réellement nécessaire à la consommation de chacun.
- 2Grenier où se vendait le sel.
- 3Anciennement, tout impôt sur les denrées et les produits de l'industrie. Gabelle de drap, de vin, etc.
HISTORIQUE
XIIIe s. Imposition de la gabelle des dras de la senechaussée de Carcassone
, Du Cange, gablum.
XVe s. Pour rejouir le peuple parmi le royaume de France, toutes… gabelles furent ostées
, Froissart, II, II, 74.
XVIe s. Il leur annonçoit que Sertorius leur faisoit la grace de leur remettre les tailles et gabelles qu'elles payoient
, Amyot, Sertor. 36.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. gabela, gabella ; espagn. et portug. gabela ; ital. gabella ; bas-lat. gablum, gabulum ; du germanique : anglo-sax. gaful, gafol, impôt ; allem. mod. Gaffel ; du verbe gifan, goth. giban ; allem. mod. geben, donner. Les étymologistes espagnols le tirent de l'arabe kabala, impôt ; à quoi Diez objecte que le k arabe ne se prête pas à un adoucissement en g.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
GABELLE. - ÉTYM. Ajoutez : D'après Dozy, c'est l'étymologie arabe qui doit prévaloir : à côté de gabella, l'italien avait aussi caballa et cabella, cité dans Du Cange ; le k initial arabe devient quelquefois g dans les langues romanes ; et il est bien plus probable que les peuples du Midi ont emprunté aux Arabes cette dénomination qu'aux Germains ; en conséquence, il assimile gabelle, gabella à l'esp. alcabala, alcavala, impôt, qui est l'arabe al-kabāla, sorte de taxe.