« forfaire », définition dans le dictionnaire Littré
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forfaire
- 1 V. n. Faire quelque chose contre le devoir, contre l'honneur. Un juge ne doit pas forfaire.
Forfaire à l'honneur, commettre un acte qui déshonore.
Particulièrement, forfaire à son honneur, se dit d'une fille ou d'une femme qui se laisse séduire.
Je lui passerais mon épée au travers du corps, à elle et au galant, si elle avait forfait à son honneur
, Molière, George D. I, 4. - 2 V. a. Perdre par un forfait.
Louis [de Bavière] prononce que le roi de France [Philippe de Valois] a forfait la protection de l'empire
, Voltaire, Mœurs, 75.
HISTORIQUE
XIe s. Forfait fust u duble [il serait condamné à une amende double] de ce que altre fust forfait
, Lois de Guill. 2. La traïson [il] jurat, s'en est forfait
, Ch. de Rol. XLV. Que que [quoique] Rolanz à Guenelon forfist
, ib. CCLXXIX.
XIIe s. Nus cops de lance… N'i forferra [n'entamera l'armure] vaillissant un boton
, Ronc. p. 51. Car je forfis en bone intention
, Couci, X. Et que cil nel conperent [payent] qui rien n'i unt mesfait, E portent la colée [le coup] de ce qu'autre a forfait
, Th. le mart. 83. Pur ce esguard par raisun, e bien l'os afichier Que, se li clers forfait à perdre sun mestier, Face le sis prelaz en sa chartre lancier
, ib. 31.
XIIIe s. Ensi conmença la guerre, et forfist qui forfaire pot par terre et par mer
, Villehardouin, XCV. Il forfont lour faces [ils altèrent leurs figures], qu'il apiergent as homes junant [afin de paraître jeûnant aux hommes]
, Du Cange, Gloss. fr. Sunt en terre establi li juge, Por estre deffense et refuge à cel cui li monde forfet
, la Rose, 5485. Qui art meson à essient, il doit estre pendus, et forfet tout le sien en la maniere que nous avons dit dessus
, Beaumanoir, XXX, 9.
XVe s. Si leur [aux moines de Cîteaux] tourna à grand contraire, quoique le comte de Boukinghen fist faire un ban, que sur la terre nul ne forfesist à l'abbaye ni de feu ni d'autre chose
, Froissart, II, II, 69. Celle garda tres mal son mariage [la première femme de Charles le Bel] et se forfit
, Froissart, I, I, 49. L'autre raison si estoit que, s'il fut ainsi que li comte de Monfort y eust aucun droit, si l'avoit-il forfait par deux raisons
, Froissart, I, I, 154.
XVIe s. Autant comme il se povoit faire, Sans la loy chretienne forfaire
, Marot, IV, 196. Malheur sur moy si j'ay forfait ; et si j'ay justement fait, encore ne leveray je point la teste
, Calvin, Instit. 616. Celle qui a forfait à son honneur et violé sa virginité, est enterrée toute vive
, Amyot, Numa, 18. Thessalus a deferé et defere Alcibiades d'avoir forfeit contre les desses Cerès et Proserpine
, Amyot, Alc. 41.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. forsfar, forfar, forfaire ; anc. ital. forfare ; du bas-latin forisfacere, mot à mot faire hors, agir en dehors de ce qui est permis, compromettre, offenser, nuire ; de foris, hors, et facere, faire.