« envenimer », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
envenimer
- 1Infecter de venin. Certains sauvages enveniment leurs flèches.
Peu usité en ce sens propre. On dit plutôt empoisonner.
- 2Donner un caractère malin à une plaie. Il a envenimé sa plaie en la grattant.
Par extension. Cette herbe m'a envenimé la bouche.
- 3 Fig. Donner un caractère odieux. Envenimer un fait, un récit.
Ils venaient d'envenimer la sainteté de ses paroles
, Massillon, Carême, Médisance.Ne vous est-il jamais arrivé qu'on ait envenimé vos discours les plus innocents ?
Massillon, Carême, Pardon.C'est là-dessus que Zozime fonde le récit si propre à envenimer les motifs de la conversion de Constantin
, Montesquieu, Esp. XXIV, 13. - 4Inspirer des sentiments d'aigreur, de haine, comparés à un venin. Envenimer l'esprit de quelqu'un. Il l'a envenimé contre moi.
Point de colère qui l'emporte [le chrétien], point de ressentiment qui l'envenime, point de plaisir qui le tente
, Bourdaloue, Pensées, t. 1, p. 365.En un sens analogue, rendre plus cuisant, plus vif, en parlant de sentiments, de querelles, etc. Envenimer une querelle.
… N'envenime point le cuisant souvenir, Que le commandement devrait m'appartenir
, Corneille, Sertor. I, 1.Des deux princes d'ailleurs la haine est trop puissante … Moi-même je saurai si bien l'envenimer
, Racine, Théb. II, 6. - 5S'envenimer, v. réfl. Devenir envenimé.
La plaie qui s'envenimait dans leur cœur
, Fénelon, Tél. VII.Être tourné par la malveillance en un mauvais sens.
Et puis le monde est plein d'échos ; tout se répète, tout s'envenime
, Imbert, Jaloux sans amour, II, 7.
HISTORIQUE
XIIe s. Et peires [père] fu de la menzonge, quant il l'envelimeie semence de sa falseteit gittoit en l'omme
, Saint Bernard, P. 523.
XIIIe s. Car cis qui sor soi la portoit [la pierre], Nesuns [aucuns] venins ne redotoit ; Nus nel pooit envenimer
, la Rose, 1079. Laquele nate sur quoy il sot [sut] que le soudanc s'asseoit tous les jours, il l'envenima
, Joinville, 213.
XIVe s. Bestes qui sont envenimées, si comme chien enragié
, H. de Mondeville, f° 80 bis, verso. Le pechié envenime et art le cuer de l'envieux
, Ménagier, I, 3.
XVe s. Cil Vautre… mauvais garçon et envenimé estoit
, Froissart, II, II, 107. Ne s'en put mie garder jadis Hercules le fort, quant il vestit la chemise envenimée dont il ne se donnoit de garde
, Boucic. I, 23.
XVIe s. Car quant l'honneur de nous envenimez [souillez], Vous offensez Dieu, la loy et nature
, Marot, J. V, 285. Son cœur est tant envenimé de peché, qu'il ne peut produire que toute perversité
, Calvin, Inst. 248. Aucunes fleches sont envenimées, les autres non
, Paré, IX, 18. Et ce qu'il parloit peu, et qu'il s'en alloit triste, morne et pensif, monstroit plustost un courage envenimé au dedans, que non pas humilié par son bannissement
, Amyot, Marius, 76. Je n'ose envenimer ma langue à .l a satyre
, Ronsard, 668.
ÉTYMOLOGIE
Berry et norm. envelimer ; bourguig. envairimé ; picard, invrimé ; provenç. enverinar, everinar, esverenar ; ital. invenelire, courroucer ; du lat. in, en, et venenum (voy. VENIN).