« enfourner », définition dans le dictionnaire Littré

enfourner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

enfourner

(an-four-né) v. a.
  • 1Mettre dans un four. Enfourner du pain, de la pâtisserie.

    Mettre dans un creuset les matières du verre.

    Absolument. Pour bien faire du pain, il faut bien enfourner, Régnier, Sat. x. Des gens enfournent, D'autres défournent, Aux broches tournent Veau, bœuf et mouton, Béranger, Cocagne.

  • 2 Fig. et familièrement. Bien enfourner, mal enfourner, commencer une chose d'une manière heureuse ou maladroite. Avec un tel général [que Lafeuillade] qui avait mal enfourné, qui manquait de ce que Vauban avait cru nécessaire, ce n'était pas de quoi prendre Turin, Saint-Simon, 162, 131.
  • 3S'enfourner, v. réfl. S'engager dans un lieu d'où l'on ne peut que difficilement sortir, et, par extension, s'engager dans quelque affaire difficile. S'étant enfourné dans un chemin creux, Hamilton, Gramm. 5. Ce linge, qui n'imite pas le linge, sous lequel le vent s'enfournerait inutilement pour le séparer du corps, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XIV, p. 79, dans POUGENS. Réduit à son grec, au turc, à la langue franque pour toute ressource… dans le pays où il s'était enfourné, Rousseau, Confess. IV.
  • 4À l'enfourner, au début, en commençant une affaire.

    PROVERBE

    À mal enfourner on fait les pains cornus, c'est-à-dire, si l'on ne commence pas bien une affaire et qu'on ne la prenne pas d'abord du bon biais, on la manque.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ainz qu'il [le pain] soit cuis et enfornez, Fabliaux mss. n° 7218, f° 175, dans LACURNE.

XIVe s. On dit souvent qu'à l'enfourner Font li fournier les pains cornus, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 36.

XVIe s. Venant après à s'enfourner dans les armes ; tousjours sa condition lui aparoist trop basse, et va visant après l'incertain, Lanoue, 149. Nous nous contenterons de dire du Dauphiné, avant nous y enfourner, que…, D'Aubigné, Hist. II, 40. M. D'Aumalle enfourna [enfila] ce destroict, qui representoit le chemin de Chamberry au Montcenys, Carloix, IV, 25. De tout acte la fin suit le commencement ; Il faut bien enfourner : car telle qu'est l'entrée, Volontiers telle fin s'est tousjours rencontrée, Ronsard, 667.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et four, écrit autrefois forn ; provenç. enfornar ; espagn. enhornar ; ital. infornare.