« embellir », définition dans le dictionnaire Littré

embellir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

embellir

(an-bè-lir) v. a.
  • 1Rendre beau, ou plus beau. Des monuments embellissent la ville. Il a beaucoup embelli son habitation. Le cygne plaît à tous les yeux ; il décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente, Buffon, Cygne.

    Absolument. La parure embellit. Le poëte lui donne ici l'épithète de beau, quoique la tristesse n'embellisse pas, Bernardin de Saint-Pierre, Harm. VII, De l'amitié.

  • 2 Fig. Orner, répandre des agréments sur. Seigneur, embellissez ce grand nom de vainqueur Du nom plus glorieux de pacificateur, Voltaire, Brut. III, 7. Viens embellir cette âme esclave de la tienne, Voltaire, Scythes, III, 2. Une amitié sincère embellissait nos jours, Raynouard, États de Blois, II, 5.

    Embellir une histoire, un récit, y ajouter des traits qui ne sont pas vrais pour la rendre plus piquante ou pour la faire valoir. N'y ajoutez-vous rien, n'embellissez-vous pas votre histoire ? Massillon, Car. Médis.

  • 3 V. n. Devenir beau ou plus beau. Cette enfant embellit tous les jours. La phrase de croître et d'embellir semblait n'avoir été faite que pour elle, Hamilton, Gramm. 4.

    Familièrement et ironiquement. Ne faire que croître et embellir, se dit de défauts, d'habitudes, de passions qui vont toujours augmentant. Sa sottise tous les jours ne fait que croître et embellir, Molière, Comtesse, 1. Ses soupçons ne firent que croître et embellir, Hamilton, Gramm. 8.

  • 4S'embellir, v. réfl. Devenir beau. On s'embellit encore en voyant ce qu'on aime, Lachaussée, Mélanide, IV, I. Ce More l'adorait ; son front victorieux Sut à force d'exploits s'embellir à ses yeux, Ducis, Othel. I, 7.

    Fig. Dans le bonheur, tout s'embellit à nos yeux, Dict. de l'Académie.

REMARQUE

Embellir, v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut exprimer l'action : il a embelli depuis quelque temps ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : comme cette femme est embellie !

HISTORIQUE

XIIIe s. Li solaus se torne al serain, Et s'enbielist et soir et main, Partonopeus, V. 13. Et jà soit ce ke li cavel [cheveux] ne soient membre, à parler soutilment, mais soient por le cors enbielir…, Alebrand, f° 33. Se il li plaist qu'il i voelle estre [écuyer], Miex m'en embelira son estre, Bl. et Jeh. V. 199. La seignurie, De reims [rameaux], de flurs e fruit garnie, De foille e verdure enbelie, Édouard le conf. V. 3808.

XVe s. Il [le roi anglais] regarda et imagina que sa guerre du roi de France en seroit embellie [par l'hommage du duc de Bretagne], et qu'il ne pouvoit avoir plus belle entrée au royaume, ni plus profitable que par Bretagne, Froissart, I, I, 152.

XVIe s. Les peinctures de quoy la poësie a embelli l'aage doré, Montaigne, I, 235. Les femmes, au veu et au sceu d'un chascun, s'embellissent d'une beauté faulse et empruntée, Montaigne, II, 281.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et beau, bel ; provenç. embellir, embellezir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EMBELLIR. Ajoutez :
6 Terme de féodalité. Embellir sa terre, voy. PAROISSE.

HISTORIQUE

Ajoutez : XIIe s. Il [les anges] sont enbelit de tote bealteit, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 290.