« duire », définition dans le dictionnaire Littré
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duire
- 1 V. n. Convenir à quelqu'un, être de sa convenance.
Genre de mort qui ne duit pas à gens peu curieux de goûter le trépas
, La Fontaine, Fabl. IX, 16.… Choisissez des tons un peu moins hauts ; Horace en a de tous ; voyez ceux qui vous duisent
, La Fontaine, Clymène, Comédie.Tout duit aux gens heureux
, La Fontaine, Rém.Du reste, coupez, taillez, tranchez, rognez, et ne laissez de tout cela que ce qui vous duira
, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XIV, p. 137, dans POUGENS.Impersonnellement.
S'il vous duit, nous pourrons donner au public un joli volume
, Courier, Lett. I, 364. - 2 V. a. Terme de fauconnerie. Dresser un oiseau de proie.
HISTORIQUE
XIe s. Il duist sa barbe, afaita son guernon [moustache]
, Ch. de Rol. X.
XIIe s. Bien sout [il sut] esprevier duire et ostour e falcon
, Wace, Rou, V. 3825.
XIIIe s. Si orrez [entendrez] vraie ystoire, dont li ver sont bien duit
, Berte, XXXVI. Et quant li oel [les yeux] sunt en deduit, Il sunt si apris et si duit, Que seus [seuls] ne sevent avoir joie, Ains vuelent que li cuers s'esjoie, Et font les maus assoagier
, la Rose, 2746.
XIVe s. En la maniere que l'en duit et chastie un asne ou un autre beste de labeur
, Oresme, Eth. 326.
XVe s. Celuy qui tout duict, et maistre estoit de mener telles danses, et qui peu les craignoit
, Bouciq. III, 2.
XVIe s. Considerant la justice et bonté du Pere celeste, en ce qu'il le chastie, il se duira par cela à patience
, Calvin, Instit. 548. Gargantua doutant de quelle faczon mieulx duiroyent les chausses on dict orateur…
, Rabelais, Garg. I, 20. Les Lacedemoniens, nation sur toutes duicte à combattre de pied ferme
, Montaigne, I, 48. Après sept ans ils le duisoient [l'enfant] à monter à cheval et aller à la chasse
, Montaigne, I, 150. C'estoit la principale science et vertu à quoy il vouloit duire cette nation
, Montaigne, II, 346. L'exemple de Cyrus ne duira pas mal en ce lieu
, Montaigne, IV, 10. Dame Venus est ores mon deduit Et de Bacchus le breuvage me duit, Les dons aussi des muses
, Amyot, Solon, 66. Toute chose est de tel prix qu'elle est aimée ou qu'elle duit
, Génin, Récréations, t. II, p. 250. De tel seigneur mesgnée duyte [proverbe qui revient à : tel maitre, tel valet]
, Rozier histor. I, 3.
ÉTYMOLOGIE
Picard, duire, dresser, et aussi convenir, plaire ; wallon, dûre, être expédient ; environs de Paris, âne bien duit, âne bien dressé ; provenç. duire, durre, conduire, instruire ; du latin ducere, conduire. La série des sens est conduire, guider, instruire, façonner, et de là, au neutre, convenir, être expédient. Con-duire, de conducere, sé-duire, de seducere, prouvent surabondamment que duire vient du latin ducere, que l'on rapproche du germanique : gothique, tiuha ; ancien haut allem, ziuha, tirer, mots dont le radical est tuh.