« division », définition dans le dictionnaire Littré

division

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

division

(di-vi-zion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Opération par laquelle on réduit un corps solide en parties plus ou moins ténues. On trouve, dans l'art et dans la nature, des divisions qui vont infiniment plus loin qu'on ne peut l'imaginer, Rollin, Traité des Ét. liv. VI, art. 3 et 4.

    Terme de minéralogie. Division mécanique, propriété qu'ont un grand nombre de cristaux de se partager dans des directions planes.

    Terme de chirurgie. Séparation fortuite et accidentelle de parties naturellement réunies ; dans ce sens il est synonyme de solution de continuité ; ou séparation méthodique de ces parties opérée par le chirurgien dans des vues de guérison.

    Terme d'imprimerie. Petit tiret qui se met au bout d'une ligne, entre une partie d'un mot et celle qui est rejetée à la ligne suivante.

  • 2Distribution par parties. La division d'une histoire par chapitres. La division de la France en départements. La division de la circonférence en degrés. La division d'un immeuble, d'un héritage. La division d'une somme d'argent.

    Terme d'économie politique. Division du travail, organisation du travail de telle sorte que chaque ouvrier, n'en faisant qu'une seule partie toujours la même, acquière ainsi un grand degré d'habileté. Adam Smith a très ingénieusement remarqué combien ce qu'il a le premier appelé la division du travail, augmente sa puissance productive, J. B. Say, Cours, 1840, t. I, p. 165.

    En général, division du travail, division des opérations industrielles, de manière que chacune soit accomplie par une personne différente. L'essence de la division du travail est que chaque travailleur fasse constamment la même besogne, ID. ib. t. I, p. 178.

    Terme de pratique. Bénéfice de division, exception par laquelle la caution obtient que le créancier divise sa demande entre tous les cofidéjusseurs.

    Sans division ni discussion, solidairement l'un pour l'autre, et un seul pour le tout.

    En langage de corps délibérants, division de la question, de l'article, délibération séparée sur les divers points que présente une question, ou sur les divers paragraphes d'un article.

    Dans le parlement anglais, manière de consulter l'opinion de la chambre, en faisant passer d'un côté de la salle tous les membres qui adoptent la mesure proposée, et de l'autre tous ceux qui la rejettent.

    Scrutin par division, vote individuel, par opposition au vote par assis ou levé.

  • 3Partie divisée, séparée d'un tout. Une division territoriale, administrative. Les divisions du mètre sont le décimètre, le centimètre, le millimètre. Les divisions d'un livre.

    En botanique, division se dit pour segment ou découpure naturelle d'une feuille, lobe d'un calice, d'une corolle. Corolle à cinq divisions.

  • 4 Terme de guerre. Division active, réunion de deux et quelquefois de trois brigades d'infanterie ou de cavalerie, toujours accompagnées d'artillerie, de génie et d'équipages militaires. Général de division. Les soldats de Ney et ceux de la division Gudin, veuve de son général, y étaient rangés sur les cadavres de leurs compagnons et sur ceux des Russes, au milieu d'arbres à demi brisés, sur une terre battue par les pieds des combattants, Ségur, Hist. de Nap. VI, 8.

    Terme de manœuvre. Réunion de deux compagnies ou de deux pelotons. Former les divisions.

    Division militaire, circonscription territoriale composée généralement de plusieurs départements et placée sous le commandement d'un général de division.

  • 5 Terme de marine. Réunion de trois bâtiments de guerre au moins, sous la direction du chef le plus haut en grade ou le plus ancien par date de brevet, si les trois capitaines sont de même grade. Une armée navale se divise en trois escadres, et chaque escadre en trois divisions.

    Chef de division, autrefois capitaine de vaisseau pourvu d'une commission qui lui donnait le droit de commander plusieurs vaisseaux.

    Compagnie de marins organisés militairement.

  • 6 Terme d'administration. Réunion de bureaux sous la direction d'un commis supérieur. Un chef de division.
  • 7Dans un lycée ou un collége, portion d'une même classe placée sous la direction d'un professeur distinct. Les deux divisions de la troisième.
  • 8 Terme de calcul. Opération qui a pour but, connaissant un produit et un de ses facteurs, de trouver l'autre facteur ; et, particulièrement, en arithmétique, opération par laquelle on cherche combien de fois un nombre est contenu dans un autre.
  • 9 Terme de rhétorique. Partie d'un discours qui consiste à diviser en plusieurs points tout ce que l'on a à dire. La division rentre dans les parties destinées à instruire ; elle en est souvent la première.
  • 10 Fig. Désunion, discorde. Il arriva de grandes divisions parmi les Phrygiens, Perrot D'Ablancourt, Arrien, liv. II, dans RICHELET. L'abondance, augmentant les forces, engendrait les divisions, Perrot D'Ablancourt, Tacite, liv. I, dans RICHELET. Et leur division que je vois à regret, Dans mon esprit charmé jette un plaisir secret, Corneille, Cid, II, 5. Et rendre un calme heureux à nos divisions, Corneille, Sertor. III, 4. La division se mit dans la nouvelle réforme, Bossuet, Var. 2. Quel respect n'avait-elle pas pour le souverain pontife vicaire de Jésus-Christ et pour tout l'ordre ecclésiastique ? qui pourrait dire combien de larmes lui ont coûté ces divisions toujours trop longues et dont on ne peut demander la fin avec trop de gémissements ! le nom même et l'ombre de division faisait horreur à la reine, comme à toute âme pieuse, Bossuet, Marie-Thér. Les deux Gracques, en flattant le peuple, commencèrent les divisions qui ne finirent qu'avec la république, Bossuet, Hist. I, 9. Jeter la division parmi leurs ennemis, Bossuet, ib. III, 6. Cependant et ma haine et ses prétentions Sont les moindres sujets de nos divisions, Racine, Mithr. I, 1. Il y a entre les sciences et les richesses une ancienne et irréconciliable division, Fontenelle, Rolle. Et laissant Rome heureuse et sans divisions, Voltaire, M. de César, I, 3. Il est trop vrai que les divisions Ont régné trop longtemps entre nos deux maisons, Voltaire, Tancr. I, 1. Différents dans leurs genres, mais placés dans la même carrière, rivaux sans divisions, concurrents dignes de s'estimer… les Corneille, les Bossuet, les Racine, les Fénelon…, Gresset, Disc. de réception à l'Acad.

HISTORIQUE

XIIe s. Faiz fu ses heumes [son haume] par grant division [habileté], Ronc. p. 51. Qu'il nous en fasse voire division [vraie séparation], ib. p. 155. Devorer le verrez [aux lions] par mil divisions, ib. p. 200. Gardez [ayez soin] que li message [les messagers] soient mis en prison ; Nous en ferons justice à no devision [à notre volonté], Sax. XX.

XIIIe s. Se feme requiert que division soit fete des biens son mari, du vivant du mari, on ne doit pas obeir à sa requeste, Beaumanoir, LVII, 2. Se tu as bien devisé, multeplie cele devision ; et quant tu l'averas multeplié…, Comput, f° 15.

XIVe s. Le samedi devant la division des apostres, l'an MCCCXXI, Bibl. des Chartes, 4e série, t. III, p. 272.

XVIe s. L'esperance que ceste licence augmenteroit les parts et les brigues de la division et empescheroit le peuple de se reünir et de se fortifier contre lui par leur concorde et unanime intelligence, Montaigne, III, 84.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. devision, devezio ; espagn. division ; ital. divisione ; du latin divisionem, de divisum, supin de dividere (voy. DIVISER).