« degré », définition dans le dictionnaire Littré
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degré
- 1Chacune des parties qui dans un escalier servent à monter ou à descendre. Le premier degré, le deuxième degré.
Mais à peine tous deux dans sa chambre étions-nous Qu'elle a sur les degrés entendu son jaloux
, Molière, Éc. des f. IV, 6.Il a presque vu la tour de Babel ; il en compte les degrés
, La Bruyère, V.Marches qui servent d'entrée à un édifice.
Sur les sanglants degrés ses serviteurs périssent
, Chénier M. J. Charles IX, V, 2.Qui marche en ses conseils à pas plus mesurés Qu'un doyen au palais ne monte les degrés
, Boileau, Sat. VIII.Du lieu saint à pas lents je montais les degrés
, Delavigne, Vêpres sicil. V, 2.Vois : l'infortune assise à la porte du temple [de la gloire] En garde les degrés
, Lamartine, Méd. I, 14.L'escalier même.
Miron trouva, en descendant mon degré, un frère de son cuisinier
, Retz, II, 136.Comprenez-vous ce que je sentis en montant ce degré ?
Sévigné, 14.Se mettre en embuscade sur un degré
, Hamilton, Gramm. 6.Trouvant au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour le sien…
, La Bruyère, XI.Comme ils [Vardes et mon père] descendaient ensemble le degré, mon père feignit d'avoir oublié quelque chose en haut
, Saint-Simon, 10, 119. - 2 Fig. Rangs, emplois considérés comme les échelons d'une échelle d'honneurs.
Vous voyez donc, mon père, que le degré éminent où sont les papes, ne les exempte pas de la surprise
, Pascal, Prov. 18.C'était le plus proche degré pour parvenir à l'empire
, Bossuet, Hist. I, 10.Plus on a de degrés d'élévation, plus on a de degrés à descendre à l'abaissement
, Fléchier, Serm. t. I, p. 184.Vous êtes monté d'un degré dans le service
, Massillon, Petit carème, Drap.Maupertuis était arrivé par les degrés, de maréchal des logis des mousquetaires jusqu'à les commander en chef
, Saint-Simon, I, 23.Entre ton trône et moi je ne vois qu'un degré
, Voltaire, Sémir. II, 2. - 3Moyens mis en œuvre pour parvenir à quelque chose.
Et quels affreux périls pourrons-nous redouter, Si c'est par ces degrés qu'on peut vous mériter ?
Corneille, Rodog. III, 4.Et la mort que mes vœux s'efforcent de hâter Est l'unique degré par où j'y veux monter
, Corneille, Héracl. I 2.Par sa propre main mon père massacré Du trône où je le vois fait le premier degré
, Corneille, Cinna, I, 1.Toutes ces cruautés… Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter sur le trône et nous donner des lois
, Corneille, ib. I, 3.Et pour haut qu'on ait mis des titres si sacrés, On y monte souvent par de moindres degrés
, Corneille, Théod. I, 1.Et ne voulut, pour monter à ses emplois, d'autres degrés que ses vertus
, Fléchier, Panég. t. I, p. 335.Ils voulaient que l'innocence fût le degré pour monter à l'épiscopat
, Fléchier, ib. II, p. 282.Souvent avec prudence un outrage enduré Aux honneurs les plus hauts a servi de degré
, Racine, Esth. III, 1.Les droits de mes aïeux… Étaient même, sans moi, d'inutiles degrés
, Racine, Brit. IV, 2.Mon culte épuré De ma grandeur naissante est le premier degré
, Voltaire, Fanat. II, 5. - 4Transition, acheminement.
Les premières connaissances ont servi de degrés aux autres
, Pascal, Préf. Vide.Vous qui devez savoir les choses de la vie, Qui par tous ses degrés avez déjà passé, Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé
, La Fontaine, Fabl. III, 1.On répond que la perfection a plusieurs degrés
, Bossuet, Or. 6.Monter de degré en degré jusqu'à cet état sublime
, Massillon, Prof. 2.Vous n'êtes jamais séparé que d'un petit degré de la mort
, Massillon, Carême, Tiéd. 1.Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés
, Racine, Phèd. IV, 2.Il n'est point de degré du médiocre au pire
, Boileau, Art p. IV.Il avait passé par tous les degrés de la débauche et de la misère
, Voltaire, l'Ingénu, 19.Par degrés, loc. adv. Graduellement.
Il faut aller par degrés et commencer par la procédure
, Bossuet, Bibliot.J'approchai par degrés de l'oreille des rois
, Racine, Athal. III, 3.On trouve aussi, au singulier, par degré, dans le même sens.
J'ai tenté par degré d'effacer cette horreur
, Voltaire, Brutus, III, 2. - 5Grade conféré dans une université. Dans les facultés, il y a trois degrés, celui de bachelier, celui de licencié et celui de docteur. Degrés académiques. Prendre ses degrés.
Et si l'on n'est docteur sans prendre ses degrés
, Régnier, Sat. III.Mais quoi ! j'entends déjà plus d'un fier scolastique, Qui… Curieux, me demande où j'ai pris mes degrés
, Boileau, Épît. XI.À Bourge, un écolier peut percer ce mystère ; Je n'ai point mes degrés…
, Voltaire, Disc. 6. - 6 Terme de grammaire. Degrés de signification, le positif, le comparatif, le superlatif.
Degrés de comparaison, le comparatif et le superlatif.
- 7 Terme de jurisprudence. Degrés de juridiction, ordre hiérarchique des tribunaux devant lesquels on peut successivement porter la même affaire. Il n'y a plus en France que deux degrés de juridiction pour les affaires civiles. Cette affaire a parcouru tous les degrés de juridiction.
- 8 Terme de jurisprudence ecclésiastique et civile, se dit des générations suivant lesquelles on compte la proximité ou l'éloignement des parentés ou alliances. Grégoire le Grand fut le premier qui défendit les mariages jusqu'au septième degré ; le 2e concile de Latran restreignit la prohibition au quatrième degré. En ligne directe les degrés ascendants sont : le premier, père et mère ; le second, aïeul et aïeule ; le troisième, bisaïeul et bisaïeule ; le quatrième, trisaïeul et trisaïeule. Les degrés descendants sont : le premier, fils et fille ; le second, petit-fils et petite-fille ; le troisième, arrière-petit-fils et arrière-petite-fille ; le quatrième, fils et fille de l'arrière-petit-fils. En ligne collatérale les degrés ascendants sont : 1° Oncle parternel, tante paternelle, et oncle maternel et tante maternelle ; 2° Grand-oncle paternel, grand'tante paternelle, grand-oncle maternel et grand'tante maternelle ; 3° Père ou mère du grand-oncle ou de la grand'tante paternels, et père ou mère du grand-oncle et de la grand' tante maternels, et ainsi de suite. Dans la même ligne les degrés descendants sont : 1° Le frère ou la sœur ; 2° Les fils ou les filles du frère et de la sœur, qui s'appellent cousins germains et cousines germaines ; 3° Les cousins et cousines issus des germains, c'est-à-dire les petits-fils ou petites-filles du frère ou de la sœur, et ainsi de suite.
S'il était parent au delà du cinquième degré, il ne succédait pas
, Montesquieu, Esp. XVIII, 22.Degré de noblesse, le nombre de générations que l'on compte entre la personne dont on parle et le premier individu anobli dans la famille. L'anobli fait le premier degré, ses enfants le second, etc.
- 9Différence successive que présentent les qualités sensibles des choses. L'atmosphère est arrivée à un très grand degré de sécheresse. Le fer exige un haut degré de chaleur pour se fondre. Il y a un fort degré de froid quand la Seine gèle.
Dans différents arts, degré de feu, le point où il faut que le feu soit porté pour que le résultat soit obtenu.
En médecine, degré indique le plus ou moins d'intensité d'une maladie. Phthisie au troisième degré. Brûlure au premier degré.
Terme de la scolastique. Degrés métaphysiques, se disait de la série des propriétés d'un objet, en commençant par la plus générale.
Dans l'ancienne médecine, certaine extension des qualités élémentaires qu'on divisait en quatre. Le poivre était chaud à tel degré.
Dans l'ancienne physique, ces mêmes qualités élémentaires étaient partagées en huit. Le feu était chaud au huitième degré et sec au quatrième.
Fig. et par analogie, le plus ou le moins que présentent les choses intellectuelles ou morales.
Sa grandeur doit atteindre aux degrés les plus hauts
, Corneille, Attila, I, 2.Vous ne me donnez rien par cette haute estime Que vous n'ayez déjà dans le degré sublime
, Corneille, Sertor. III, 2.Oui, du degré de l'âge il faut porter la peine
, Rotrou, Vencesl. I, 2.Le degré où les hommes n'avaient pu atteindre est rempli par une jeune reine
, Pascal, dans COUSIN.Mon envie de partir est au dernier degré
, Sévigné, 129.Dieu distribue ses dons dans le degré qu'il veut
, Bossuet, Lett. Corn. 116.Les plaisirs innocents le deviennent [péchés mortels, par l'excès de l'attachement], selon la doctrine des saints… mais qui sait le degré qu'il faut pour leur inspirer ce poison mortel ?
Bossuet, Marie-Thér.Deux choses vous vont faire voir l'éminent degré de sa vertu
, Bossuet, ib.Alors au suprême degré de son éclat
, Hamilton, Gramm. 11.Haut degré de gloire et de puissance
, Racine, Bérén. I, 4.Quand la religion des chrétiens n'aurait point d'autre preuve contre l'incrédulité que l'élévation de cette maxime [la charité envers tous], elle aurait toujours ce degré de sainteté et, par conséquent, de vraisemblance sur toutes les sectes qui ont jamais paru sur la terre
, Massillon, Carême, Pard.Un homme médiocre peut avoir de la justesse à son degré, un petit ouvrage de même
, Vauvenargues, Justesse.Chaque fonction est pour lui [le prêtre indigne] un nouveau crime et ajoute un nouveau degré à sa réprobation
, Massillon, Confér. Disc. sur la voc.Il fallait non-seulement un grand usage de la cour, mais une liberté bien circonspecte, une hardiesse bien mesurée, de peur qu'un degré de moins ne gâtât l'ouvrage, et qu'un degré de plus ne perdît l'auteur
, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 265, dans POUGENS.Points successifs que l'on parcourt. Premier degré d'instruction.
- 10 Terme de physique. Chacune des divisions principales qui sont marquées sur des instruments destinés à apprécier la chaleur, l'humidité, la pesanteur. Les degrés d'un baromètre, d'un hygromètre, d'un aréomètre. L'eau bout quand le thermomètre est à cent degrés ; la glace fond quand il est à zéro.
- 11 Terme de géométrie et d'astronomie. Chacune des 360 parties dans lesquelles on divise la circonférence.
Si je veux mesurer un angle de 60 degrés
, Rousseau, Ém. II.Terme de géographie. Degré de longitude, l'espace compris entre deux méridiens ; degré de latitude, l'espace compris entre deux parallèles. Des lieues de vingt-cinq au degré. Le degré se divise en 60 minutes et la minute en 60 secondes.
L'on comptera toujours au nombre des œuvres qui ont illustré notre siècle l'entreprise de mesurer en même temps deux degrés du méridien, l'un sous l'équateur, l'autre près du pôle boréal de notre continent
, Condorcet, Maurepas.Ces marchands faisaient leur route, tenant à peu près le 40e degré de latitude nord, par des pays qui sont au couchant de la Chine
, Montesquieu, Esp. XXI, 16.Degré décimal, chacune des 400 parties dans lesquelles, suivant la division décimale, on divise le cercle. Cette division est moins usitée que la division sexagésimale ou en 360 parties.
Dans le langage de la physique, de la géométrie et de l'astronomie, degré se représente souvent par ce signe 0. Le thermomètre est à 20 au-dessous de glace. Latitude 100 30' 3" (10 degrés, 30 minutes, 3 secondes).
- 12 Terme d'algèbre. Équation du premier, du second degré, etc. équation dont l'inconnue est à la première, à la deuxième puissance.
- 13 Terme de musique. Différence de position ou d'élévation entre deux notes placées dans une même portée. Degrés conjoints. Degrés disjoints.
- 14 Terme de fauconnerie. L'endroit où l'oiseau, durant sa montée, tourne la tête et prend une nouvelle carrière, qu'on appelle second ou troisième degré, jusqu'à ce qu'on le perde de vue au quatrième.
SYNONYME
DEGRÉ, MARCHE. " Degré, dit l'Encyclopédie, V, 929, s'employait dans le dernier siècle pour désigner chaque marche d'un escalier, et le mot de marche était uniquement consacré pour les autels ; nous aurions peut-être bien fait de conserver ces termes distinctifs. " La distinction indiquée par l'Encyclopédie n'existe plus ; reste à voir en quoi ces deux termes diffèrent. Le degré est, étymologiquement, ce qui sert à changer de place (degredi), à monter ou à descendre ; la marche est sur quoi l'on marche. On monte ou l'on descend les degrés ; on se tient sur une marche. Au pluriel, il montait ou descendait les degrés, ou les marches, sauf que degré est réservé, de préférence, au style élevé et aux grands escaliers : les degrés du grand escalier du Louvre. Au singulier, marche s'emploie mieux que degré : il se tenait sur la première marche mieux que sur le premier degré. En un mot, toutes les fois que l'on considère les différents échelons d'un escalier comme servant à monter ou à descendre, on se sert plutôt de degré ; comme servant à poser le pied et à se tenir, de marche.
HISTORIQUE
XIe s. Eufemien, bel sire, riches hom, Quar me hesberges pur Deu en ta maison ; Suz tun degret me fais un grabatum
, St Alexis, XLIV. Par les degrez au palais [il] monte sus
, Ch. de Rol. CXCVII.
XIIe s. Les degrez [ils] montent tost et isnellement
, Ronc. p. 121. Tost les degrez de marbre [il] est montez au donjon
, Sax. XI. Or est-il moult en bas degré ; Mais Dieus le metra au plus haut ; Car c'est li sires qui ne faut
, Gautier D'Arras, Eracles, V. 1504.
XIIIe s. Celui cui il l'ot conmandé A tost le cheval enselé, Et puis au degré li amene
, Ren. 22207. Amours respont : Or ne t'esmaie [chagrine] ; Puisque mis t'ies en ma menaie [direction], Ton servise prendré en gré, Et te metrai en haut degré
, la Rose, 2036. Puisque li quars degrés est passés, mariages se pot fere
, Beaumanoir, XVIII, 7. Avant qu'on en viengne dusqu'à li, on doit porsivir les segneurs sougès de degré en degré
, Beaumanoir, XI, 12. Aus piez des degrez s'agenoilla un poure [pauvre] chevalier et li dit ainsi…
, Joinville, 205.
XVe s. Je montay sans compter Les degrez…
, Coquillart, Monol. de la botte de foin. Apportant ung plat de viande sur le degré
, Commines, I, 9.
XVIe s. La premiere grace, qui est comme un degré à la seconde, est nommée cause d'icelle
, Calvin, Instit. 620. Ce moyen, par lequel Dieu esleve les siens en haut comme de degré en degré
, Calvin, ib. 816. Ils devoyent estre recognus pour ministres legitimes, ayans le degré de prestrise
, Calvin, ib. 842. Il ne montoit gueres sans s'eslancer trois ou quatre degrez à la fois
, Montaigne, II, 17. C'est un degré de fermeté auquel je ne pourrois arriver
, Montaigne, II, 385. Il se laissoit maintes fois tomber du haut d'un degré, ou en la trappe d'une cave
, Despériers, Contes, LXXIX.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, egré ; provenç. degra, degrat ; portug. degrão ; du bas-latin degradus, formé de de, et gradus (voy. GRADE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
DEGRÉ.Degrés, facettes longues et étroites de forme carrée allongée en biseau, superposées les unes sur les autres, dans la taille des pierres fines, Chriten, Art du lapidaire, p. 36.