« désobliger », définition dans le dictionnaire Littré

désobliger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

désobliger

(dé-zo-bli-jé. Le g prend un e devant a ou o : nous désobligeons, je désobligeais) v. a.
  • 1Rendre un mauvais office. Et ne pensez pas leur faire plaisir [aux prophètes] de leur prêter si libéralement et sans qu'ils en aient besoin, vos épithètes et vos métaphores… ces ornements les déshonorent, ces faveurs les désobligent, Guez de Balzac, Socr. chrét. Disc. 7. Hélas ! de tous côtés le sort me désoblige, Desmarets, Mirame, III, 3. Érophile, à qui le manque de parole, les mauvais offices, les fourberies, bien loin de nuire, ont mérité des grâces et des bienfaits de ceux mêmes qu'il a ou manqué de servir ou désobligés, La Bruyère, XI.

    Absolument. Mais je sais que l'amour ne peut désobliger, Corneille, Tite et Bérén. III, 2.

  • 2Causer le genre de déplaisir qui résulte d'actions ou de paroles qui ne sont pas obligeantes. Vous me désobligerez beaucoup en n'acceptant pas. Tout à l'heure en deux mots elle m'a fait juger Qu'elle va voir le roi pour le désobliger, Tristan, Mariane, II, 4. Il a si peu d'égards au temps, aux personnes, aux bienséances, que chacun a son fait sans qu'il ait eu intention de le lui donner ; il n'est pas encore assis qu'il a déjà, à son insu, désobligé toute l'assemblée, La Bruyère, V. Ma foi, je ne sais plus ce que j'y pourrais faire ; Où trouver un moyen qui peut m'en dégager ? Quand tout ce qu'elle fait vient me désobliger, L'air dont elle le fait ne saurait me déplaire, Montreuil, Épître envoyée à un rival.
  • 3Se désobliger, v. réfl. Se rendre l'un à l'autre de mauvais services. Ils se sont désobligés tant qu'ils ont pu.

HISTORIQUE

XVe s. Or sommes nous desobligées ; car nous vous eussions tenues pour luy que, à ceste fois, il auroit dame choisie, et vous veez que ce n'est de celles aucunes, Petit J. de Saintré, p. 99, dans LACURNE. Elle se tient pour acquittée et desobligée de la promesse qu'elle jadis lui fit, Louis XI, Nouv. XXVI.

XVIe s. J'aime tant à me descharger et desobliger, que j'ay parfois compté à proufit les ingratitudes, Montaigne, IV, 95. Il estoit monté à cheval avec ses voisins, leur disant qu'il falloit aller à la chasse, ou à la foire des amis, et prendre le temps de l'affliction pour s'obliger autrui et se desobliger envers le devoir d'un gentil-homme, D'Aubigné, Hist. II, 451.

ÉTYMOLOGIE

Dés… préfixe, et obliger.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉSOBLIGER. Ajoutez :
4Se désobliger, se rendre un mauvais service à soi-même. Trouvez bon que, pour vous satisfaire, je ne me désoblige pas moi-même, La Mothe le Vayer, Dial. d'Oratius Tubero, t. I, Lettre de l'autheur.