« coutumier », définition dans le dictionnaire Littré

coutumier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coutumier, ière [1]

(kou-tu-mié, miê-r') adj.
  • 1Qui a coutume de faire quelque chose. Il est coutumier de mentir. Je suis coutumière De payer toute la première, La Fontaine, Cord.

    Être coutumier du fait, se dit de quelqu'un qui commet souvent un acte blâmable.

  • 2Ordinaire, habituel. L'inconstance à nos ans coutumière, Malherbe, I, 4. Et mes yeux, éclairés des célestes lumières, Ne trouvent plus aux siens [de Pauline] leurs grâces coutumières, Corneille, Poly. IV, 2.
  • 3Qui appartient à la coutume ou droit non écrit. Droit coutumier.

    Régi par la coutume. Pays coutumier. Le droit commun de la France coutumière doit servir de loi, Patru, Plaidoy. 10, dans RICHELET. La distinction du pays de la France coutumière et de la France régie par le droit écrit était déjà établie, Montesquieu, Esp. XXVIII, 4.

    Établi par la coutume. Douaire coutumier. Réserves coutumières.

  • 4 Terme d'ancienne législation. Qui n'est pas noble, qui est roturier. Homme coutumier, et, substantivement, un coutumier.

    Terme d'eaux et forêts. Usager.

REMARQUE

Voltaire, de son temps, regrettait que ce mot ne fût plus d'usage. Il a repris faveur et est très bon aujourd'hui.

HISTORIQUE

XIIe s. N'oncques cil de Herupe n'en furent costumier [du tribut], Sax. XVI. Miex me venroit celui [celle] haïr, Qui de moi nuire est costumiere, Que li amer en tel maniere, Gautier D'Arras, Ille et Galeron.

XIIIe s. Il n'est costumiers d'outrage, Lai d'Ignaur. Et se li plastriers en est costumiers, li mestre li puet deffendre le mestier, Liv. des mét. 110. Tout li vins, quiex que il soit, qui vait contremant Marne, il doit de coustume tant come li coustumiers [péager] qui la coustume garde de par lou Roy en veut prendre, laquiele chose seroit à amender se il plait au Roy, ib. 301. Par son gré sui-ge coustumiere De parler proprement des choses, Quant il me plest, sans metre gloses, la Rose, 7116. Et quant tu iras par les rues, Gar que tu soies costumiers De saluer les gens premiers, ib. 2113. Et d'ouvrer est si coustumiers Que il ataint [égale] toz les premiers, Rutebeuf, II, 106. Se gentis feme prent home vilain coustumier, Du Cange, consuetudo.

XIVe s. Six muis et dix sestier de froment que les coustumiers de la forest doivent chascun, Du Cange, areale. Les hommes coustumier doublent à leur seigneur leur coustume, Du Cange, auxilium. De pierdre et de gaaingnier ierent [ils étaient] Coustumier, pour çou peu plorerent ; Car si fais est li mestiers d'armes, Jean de Condé, p. 76.

XVe s. [Édouard chassa de Calais tous les habitants pour le repeupler de purs Anglais] et ne retint que trois hommes : un prestre et deux autres anciens hommes, bons coustumiers des lois et ordonnances de Calais ; et fut pour enseigner les heritages, Froissart, I, I, 322. Les bourgeois, qui n'estoient mie bons coustumiers de guerroyer, Froissart, I, I, 302. Le dieu d'amours est coustumier, à ce jour, de feste tenir, Orléans, Ball. 47. Comme fortune est souvent coustumiere de nuire aux bons et aux vaillants, Bouciq. I, ch. 23. Les quelz pillarz prenoient femmes par force, tant nobles que coustumieres, Du Cange, consuetudo.

XVIe s. Ce precepte est salubre en l'usage des amitiez ordinaires et coustumieres, Montaigne, I, 215. La douleur avant coureuse coustumiere de la mort, Montaigne, I, 302. Selon l'avis de Me Eudes de Sens, reçu contre l'opinion de quelques autres coutumiers, Loysel, 137. Femme qui prend douaire convenancé se prive du coutumier, Loysel, 147. Toute prescription annale ou moindre coutumiere court contre les absens et mineurs, sans esperance de restitution, Loysel, 721. ès pays coutumiers, Loysel, 883. Et s'il faut preferer celuy qui le premier Ose prier sa dame et s'en fait coustumier, Sur mes deux compagnons je doy gaigner la place, Ronsard, 806. Historien coustumier d'extravaguer hors de la verité, Amyot, Péricl. 53.

ÉTYMOLOGIE

Coutume ; provenç. costumier, cosdumnier.