« chaussée », définition dans le dictionnaire Littré

chaussée

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chaussée [1]

(chô-sée) s. f.
  • 1Remblai en terre sur le bord d'une rivière, pour contenir l'eau.

    Construction qui, dans un étang, sert à arrêter et conserver l'eau. La chaussée se nomme quelquefois la tête de l'étang. On dit aussi la levée.

  • 2Levée de terre servant de route. Jean-François Delagorgue, lieutenant général de la chaussée du Boulonnais, Courier, II, 368.
  • 3La partie bombée d'une route ou d'une rue.
  • 4Le rez-de-chaussée, le niveau du sol. Le mur n'était encore qu'au ou qu'à rez-de-chaussée.

    Toute pièce d'une maison au niveau de la voie publique. Il demeure au rez-de-chaussée. Les rez-de-chaussée sont ordinairement humides.

  • 5Ponts et chaussées, dénomination sous laquelle on comprend tout ce qui concerne l'administration des routes, des ponts, des canaux.

    École des ponts et chaussées, école spécialement destinée à former des sujets pour les travaux de ce genre.

  • 6 Terme de géographie. Chaussée des Géants, localité d'Irlande où une immense quantité de colonnes de basalte s'avance dans la mer, formant une espèce de chaussée.

HISTORIQUE

XIIIe s. Les chaucies jonchées de fresche erbe et de jonc, Berte, CXXXIII. Chaucie est une coustume assise et establie ancienement seur chars, seur charretes, seur somiers chargés, Liv. des mét. 275. Et fu mis en un pellorit tout nuef qu'on li fist emi le [la] chauchie de Lille, Chr. de Rains, 173. Si comme de lor moustiers refere et de lor caucies ramender, Beaumanoir, XXI, 27. Cil l'empire [gâte le chemin] qui deffet les cauchies qui furent fetes por le quemin amender, Beaumanoir, XXV, 12. Par les boes de la chaucie Descendoit du chastel aval, Sans demander cher ne cheval, Rutebeuf, II, 178. Le roy ot conseil que il feroit faire une chaucie parmi la riviere pour passer vers les Sarrazins, Joinville, 230.

XIVe s. Droit envers le chastel ont leur voie aqueillie, Et puis vers le chastel vont toute le [la] cauchie, Baud. de Seb. IX, 535. Persone ne trova passant sus le [la] cauchie, Ne maison qui ne fuist fremée et verrouillie, ib. XI, 33. Chacuns en droit soy facent refaire les chaussées [des rues de Paris], quand elles ne seront suffisantes, Ordonn. des rois de Fr. t. II, p. 380.

XVIe s. Aux reparations et entretenement de la chaussée du havre de Granville, Texte dans JAL, Gloss. naut.

ÉTYMOLOGIE

Picard, keuchie, cauchie ; provenç. caussada ; espagn. calzada ; portug. calçada ; de calciata (sous-entendu via, chemin), que Diez tire de calx, chaux : chemin fait à la chaux ; mais la chaussée est surtout une levée de terre où la chaux n'entre pas ; aussi vaut-il mieux prendre calciatus, chaussé, puis foulé (voy. CHAUSSES), sens qui se trouve en effet dans le bas-latin (voy. DU CANGE, calciare), de sorte que la chaussée serait la terre foulée, pressée.