« bouton », définition dans le dictionnaire Littré

bouton

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bouton

(bou-ton) s. m.
  • 1Œil qui vient aux arbres, et qui donne naissance aux feuilles et aux fleurs. La plante ouvre ses tendres boutons, Fénelon, Tél. IX.

    La fleur avant son épanouissement. On remarque dans un bouton de rose naissante ce qui promet une belle fleur, Fénelon, XIX, 124. Pauvres enfants ! chacun d'eux pousse, Frais comme un bouton printanier, Béranger, Jeanne la Rousse.

    Bouton d'or, sorte de renoncule dont la fleur est d'un jaune d'or. Bouton-d'argent, variété à fleurs doubles de la matricaire des jardins.

    Au plur. Des boutons-d'or, des boutons-d'argent.

  • 2 Par analogie, petites tumeurs arrondies qui se forment sur la peau. Des boutons de variole.

    Bouton de l'enfance, Voy. ENFANCE.

  • 3Petite pièce de métal ou d'étoffe, qui sert à attacher, par le moyen de la boutonnière, les différentes parties d'un vêtement. Les boutons d'un habit. Boutons d'argent. Boutons de soie, de fil, de drap, boutons faits d'un petit morceau de bois ou d'os recouvert de soie, de fil, de drap.

    Moules de boutons, petits morceaux de bois qui, recouverts d'étoffe, servent de boutons.

    Fig. Sa robe, sa soutane ne tient qu'à un bouton, se dit d'un homme qui est prêt à quitter la robe d'avocat ou de professeur, la soutane, et, en général, sa profession.

    Ne tenir qu'à un bouton, être très peu assuré. La colère du roi fit peur aux Bouillon ; leur rang et leur échange ne tenaient qu'à un bouton, Saint-Simon, 76, 246. Tout princes que sa beauté [de Mme de Soubise] avait su faire les Rohan, elle avouait librement que cela ne tenait qu'à un bouton, Saint-Simon, 368, 121.

    Mettre le bouton haut, rendre une chose difficile, onéreuse. L'amant jaloux met le bouton bien haut à nos amants d'ici, Sévigné, 411. La dépense qu'il faisait met le bouton bien haut à son successeur, Sévigné, 495.

  • 4Au manége, bouton de la bride, le petit anneau de cuir qui coule le long des rênes et sert à les resserrer. Mettre un cheval sous le bouton, raccourcir et tendre les rênes au moyen du bouton de la bride.

    Fig. Serrer le bouton à quelqu'un, le presser vivement, le menacer même. Je suis homme pour serrer le bouton à qui que ce puisse être, Molière, G. Dand. I, 4. Je lui ai serré le bouton [à M. le duc] et fait remarquer la différence de ce qu'il me disait, Saint-Simon, 509, 245. Entre nous, sans façon, à Valère de près j'ai serré le bouton, Regnard, le Joueur, III, 6.

  • 5Tout ce qui a la figure d'un bouton. Un bouton de porte. Un bouton de fleuret.

    Dans l'artillerie, bouton de culasse, l'espèce de boule qui termine la culasse d'un canon.

    Terme de chirurgie. Bouton de feu, ferrement terminé en forme de bouton que l'on chauffe et avec lequel on pratique une cautérisation limitée.

    Terme d'affineur. Bouton de fin, la petite portion d'or ou d'argent qui reste après l'opération de la coupelle.

    Terme d'architecture. Ornement de sculpture qui figure un bouton de fleur.

    Terme de coutellerie. Pointe arrondie des lames de ciseaux.

    Terme de lutherie. Nom des petites chevilles fixant les cordes de la harpe et de la guitare. Morceau de bois arrondi où est attachée la queue d'un violon.

    Terme de fauconnerie. Sommet d'un arbre.

    Terme de marine. Gros nœud au bout d'un cordage.

HISTORIQUE

XIIe s. Consels d'orguel ne vaut mie un boton, Ronc. p. 11. De vos menaces ne m'est pas un boton, ib. 59.

XIIIe s. Mais onques [ils] n'en aprirent un bouton valissant, Berte, CVII. Et dans Renart, qui deus boutons Ne donroit pas en son afere, Se couche un petit au derriere ; Si met son groing entre ses piez, Ren. 4290. Boutons [de fleurs] i ot petis et clos, Et tiex qui sunt ung poi plus gros, la Rose, 1647. Chasteé [chasteté], qui dame doit estre Des roses et des boutons…, ib. 2860. Et li bouton de l'oreiller Valent tout le tresor Gaifier, Blancandin.

XIVe s. Cestes choses furent alleguées Devant le roy et pourposées Avecques mainte aultre raison ; Mais tout ne valoit un bouton, Livre du bon Jehan, 146-148. À Pierre Boudet, orfevre, pour vingt boutons d'or, pour une boutonneure à surcot, De Laborde, Émaux, p. 172. Quatre boutons en façon de lis esmailliez de blanc, où en chacun d'eux a un balay et trois perles, De Laborde, ib.

XVe s. On ne vous prise deux boutons, Et pour ce nous vous deboutons, Esloignant nostre compaignie, Orléans, Rond.

XVIe s. Boutons serrez, roses ouvertes, Se passent trop legerement, Marot, III, 139. Or afin que sainctes et anges Ne prennent ces boutons estranges [de syphilis], Marot, III, 226. Tantost ils laschent un petit la bride aux appetits de leurs enfans, et tantost aussi ils leur serrent le bouton, et leur tiennent la bride roide, Amyot, Comment nourrir les enfants, 39. Ce sont comme fleurs et boutons d'une bonne nature, et qui se laissent bien cultiver par raison, Amyot, Mauvaise honte, 1. Deffaites trois boutons de votre estomach, et faites moi la grace de me dire pourquoi vous avez pu me haïr, D'Aubigné, Vie, CX. La catastrophe fut sur les debtes du roi, ce qui ne fut pas agreable à ses maistres, non plus que d'avoir un peu trop serré le bouton sur les ecclesiastiques, D'Aubigné, Hist. III, 123. Les munitions, et sur tout les bales, manquoient, et quelques soldats avoient mis leurs boutons en besongne, D'Aubigné, ib. 273. L'expert mareschal lui donnera quelques boutons de feu, dont les cicatrices embelliront plustost qu'elles n'enlaidiront les jambes du cheval, De Serres, 309. L'enter à escusson, appellé aussi emplastration, morceau et bouton, De Serres, 666. Voyez au mois de may sur l'espine la rose ; Au matin un bouton, à vespre elle est esclose ; Sur le soir elle meurt, Ronsard, 657.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. boton ; catal. botó ; portug. botao ; ital. bottone ; de bout ou bouter, qui signifie mettre et pousser, au propre et au figuré.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOUTON. Ajoutez :
6Nodosité qui se forme dans les fils. Les filés anglais ont une supériorité remarquable sur les nôtres ; ils sont très réguliers, bien nets, sans boutons, et d'une très grande force, Enquête, Traité de comm. avec l'Anglet. t. IV, p. 503.
7Boutons du Nil, nom donné par les voyageurs à une maladie de la peau, lichen vésiculaire, commune dans les pays chauds.
8Bouton d'Alep, ou de Bagdad, ou de Biskara, maladie cutanée dont les habitants d'Alep, de Bagdad et d'autres villes en Syrie, et de Biskara en Afrique, sont affectés une fois en leur vie, et qui atteint les étrangers résidant momentanément en ces villes ; c'est un tubercule qui s'accroît pendant quatre ou cinq mois, s'ulcère et finit par se fermer en laissant une cicatrice indélébile.