« besogne », définition dans le dictionnaire Littré
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besogne
- 1Ce qui est de besoin, affaire, apprêt.
Le galant [le renard] pour toute besogne Avait un brouet clair ; il vivait chichement
, La Fontaine, Fabl. I, 18. - 2Ce qu'il est nécessaire de faire, travail, ouvrage. Celui qui ne serait propre à aucune autre besogne. Achever sa besogne. Se partager la besogne.
Elle fait la grosse besogne
, Sévigné, 221.S'endormir sur la besogne, ne pas avancer dans un travail.
Familièrement. Aimer besogne faite, ne pas aimer le travail.
N'avoir pas besogne faite, avoir beaucoup d'embarras.
Qui vit céans, ma foy, n'a pas besogne faite
, Régnier, Sat. X.MM. les gens du roi, entre la chancellerie et la grande aumônerie, n'ont pas besogne faite
, Courier, II, 291.Abattre de la besogne, faire beaucoup de travail.
Aller vite en besogne, être expéditif ; agir avec précipitation ; dissiper promptement ses ressources.
Faire plus de bruit que de besogne, parler beaucoup et ne pas agir ; se donner beaucoup de mouvement et ne pas faire grand'chose.
Donner, tailler de la besogne à quelqu'un, lui préparer sa tâche, et fig. lui donner de la peine, lui susciter des embarras.
Faire de la bonne besogne, de la belle besogne, travailler d'une façon utile ; et ironiquement, vous avez fait là de la belle besogne, vous avez fait une maladresse, une sottise, etc.
Dépêcher besogne, dégrossir une besogne.
Ils [ceux qui sont chargés des recherches de noblesse] dépêchent besogne et leurs secrétaires la défrichent
, Saint-Simon, 143, 82.PROVERBE
Selon l'argent la besogne, c'est-à-dire ce n'est qu'en payant bien qu'on obtient un ouvrage, un travail bien fait.
HISTORIQUE
XIIe s. Et Gilemers l'Escot dit outrage et folie, Quant de ceste besoigne devant tous vous desfie
, Sax. X. [Trois messagers] qui fassent vo [votre] besoigne bien et hardiement
, ib. XX. Seigneur, fait-il à els, tut senz [sans] en plait entrer, Ne me deit pas mis sires acuinte demander ; Car tut cest grant aveir que ci vus oi numer, En ses busoignes l'oi fait metre e aluer
, Th. le mart. 43.
XIIIe s. D'aprocher [avancer] la besoigne plus ne detrierai
, Berte, VII. Bien [je] ferai la besoigne, de ce n'esteut douter
, ib. XVII. Et eslurent li prison deux d'eaus [deux d'entre eux] pour porter ceste besoigne
, Chron. de Rains, p. 97. Du païs gaires ne t'esloigne ; Et se tu as si grant besoigne Que esloigner il te conviengne, Garde bien que tes cuers remaigne
, la Rose, 2584. Cil qui est tuteres por enfans sous aagiés, n'est pas tenus à fere les besongnes des enfans à son coust
, Beaumanoir, XVII, 8. Homs de religion ne doit pas estre receus en office d'avocat en ceste cort laie, se ce n'est por la besogne de s'eglise
, Beaumanoir, V, 18. Sa besoigne atira [disposa] en tel maniere que toute sa gent qui estoient mal armée, il les envoia par une valée mal couverte
, Joinville, 271. Je ne weil pas oublier aucunes besoignes qui avindrent en Egypte, tandis que nous y estions
, Joinville, 251. Si dit au roi : Sire, je venrai demain parler à vous de mes besoignes [affaires]
, Joinville, 288.
XVe s. Renvoyerent leurs harnois, sommes, malles et habits par mer ; si arriverent ces besognes à l'Escluse en Flandre
, Froissart, I, I, 44. Mets-y donc une chançonnette ; S'en voudra mieuls ta besongnette
, Froissart, Espinette amour. Lors congneut le dit duc que ses besongnes alloient mal, car il n'avoit ame avec lui
, Commines, III, 2. Il m'a autreffois dit qu'il congnoissoit ses subjectz et qu'il les trouveroit bien si les besongnes se portoient mal [si les affaires devenaient mauvaises]
, Commines, IV, I. Or vous en allez à l'heure que vous devez faire vos besongnes ou jamais, veu les grandes choses qui tombent entre les mains du roy dont il peult agrandir ceulx qu'il ayme
, Commines, V, 13.
XVIe s. Faire ses besongnes [ses affaires, un profit]
, Amyot, Cam. 19. Ceste desfaitte donna matiere de parler de son excellente et admirable vertu à ceulx qui l'avoient veu en besogne
, Amyot, Pyrrhus, 15.
ÉTYMOLOGIE
Autre forme de besoin ; bourguig. besongne ; provenç. besonha ; ital. bisogna. Chifflet, Gramm. p. 200, remarque, au XVIIe s. qu'on écrit besoigne, et qu'on prononce besogne.