« ban », définition dans le dictionnaire Littré

ban

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ban

(ban) s. m.
  • 1Proclamation, publication. Battre un ban, battre la caisse pour annoncer qu'il va être fait une publication. Avant le combat, la justice faisait publier trois bans, Montesquieu, Espr. XXVIII, 24. L'aumônier d'un roi de France [saint Louis] prit possession de la patrie d'Annibal en ces mots : " Je vous dis le ban de N. S. J. C. et de Louis, roi de France, son sergent, ", Chateaubriand, Itin. III, 97.

    Ban de vendange, proclamation que les vendanges sont ouvertes.

  • 2Ban de mariage, ou simplement ban, publication de mariage qui se fait solennellement à l'église paroissiale par trois dimanches consécutifs. M. de Rennes donna deux bans, Sévigné, 557.
  • 3 Terme de féodalité. Convocation des vassaux directs du roi pour le service militaire.

    Le corps même de la noblesse ainsi convoqué. Il ne levait de ban Que pour tirer quatre fois l'an Au blanc, Béranger, Yvetot.

    Le ban et l'arrière-ban, service militaire des fiefs et des arrière fiefs.

    Dans le langage actuel, et en parlant de milice ou de garde nationale, ban est la partie la plus valide de la population, et arrière-ban la réserve composée des citoyens plus âgés, et qui ne doivent prendre les armes que dans les moments de péril.

    Fig. Convoquer le ban et l'arrière-ban, s'adresser à tous ceux dont on peut espérer du secours.

  • 4Four à ban, moulin à ban, ou four banal, moulin banal, four, moulin, etc. dont les gens qui étaient dans une seigneurie étaient obligés de se servir, en payant une redevance au seigneur.
  • 5Sentence qui exclut, et, en particulier, bannissement. Le ban qui a mis l'exilé hors de son pays, semble l'avoir mis hors du monde, Chateaubriand, Génie, I, V, 7.

    Garder son ban, ne pas revenir aux lieux d'où l'on a été exilé.

    Rompre son ban, revenir au lieu où l'on n'a pas la permission de résider. La loi le condamne à mort [l'exilé], pour avoir rompu son ban, Chateaubriand, Natch. VII, 289. Damon [maître de musique de Périclès] fut mis au ban de l'ostracisme, Courier, Lettr. 325.

    Mettre un prince, une ville au ban de l'empire, se disait, dans la Constitution de l'empire germanique, pour les déclarer déchus de leurs priviléges. Charles V l'avait mis au ban de l'empire, Bossuet, Var. 2.

  • 6Amende. Le comte et les envoyés du roi pouvaient faire payer aux vassaux le ban, c'est-à-dire une amende, Montesquieu, Espr. XXX, 17.
  • 7Chef d'un banat, titre de certaines provinces, telles que la Croatie. Ragotzi épousa Hélène, fille de Pierre, vice-roi ou ban de Croatie, Saint-Simon, 338, 183.

HISTORIQUE

XIIe s. Parmi cele ost faites un ban crier, Ronc. p. 66. Charles li rois fit faire et son ban et son cri, Ronc. p. 191. À dan Randulf del Broc l'aveit ainz comandé, E encontre cels furent par ban tut assemblé, Th. le mart. 137. Dunc comanda li reis, e fist par ban crier Qu'um laissast quitement lui e les suens aler, ib. 46. Tut lur aveir aureit tresqu'à un sul denier Li reis ; car pur ço out cest ban fait nuncier, Que li clerc saint Thomas n'osouent repairier, ib. 67.

XIIIe s. Et me sires Loeys feist crier son ban que nus n'i fourfesit riens, sous la hart, Chr. de Rains. 156. Et la mesenge li escrie : Renart, cist bans est tost brisiez De la pais que me disiez, Ren. 1836. Vos feïstes le ban roial, Que jà mariage par mal N'osast nus fraindre ne brisier, ib. 8277. Se li hons ne la feme ne savoit riens du mariage, ne par les bans qui furent fet en sainte Eglise, ne en autre maniere…, Beaumanoir, XVIII, 7. Adont li sires doit fere crier trois bans, Beaumanoir, LXIV, 11.

XVe s. Messire Godefroy de Harecourt commanda que… quand ceux de Caen ouïrent ce ban…, Froissart, I, I, 272. Ils firent commander que on sonnast la ban-cloche, et que chacun s'allast armer, Froissart, I, I, 173. Avec le roy estoient les nobles du royaulme assemblez par maniere de arriere-ban, Commines, III, 3. Roye [ville] où il y avoit quinze cens francs archiers dedans et ung nombre d'hommes d'armes d'arriere-ban, Commines, III, 10.

XVIe s. Ces assemblées s'appelloyent ban ou heriban : qui selon aucuns signifie cri et arriere-cri, Lanoue, 227. Anciennement les baillifs et seneschaux avoyent la charge d'assembler et conduire les arriere bans, Lanoue, 230. Il fit faire un band avec des cloches au lieu de tambours, que tous les prisonniers eussent à se rendre auprès du prince, D'Aubigné, Faen. IV, 9. À la charge que tous ceux qui ont suivi son parti seront r'appellez de ban [de l'exil], D'Aubigné, Hist. I, 46. Quelques capitaines prindrent leurs quaisses et leurs tambours, et firent un ban en ces termes, D'Aubigné, ib. II, 377.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ban ; espagn. et ital. bando ; bas-lat. bannum, de l'allemand. Le haut allemand bannan se présente aussitôt ; mais Diez remarque que bannan aurait donné, dans les langues romanes, banner, bannare, et non bannir, bandire, qu'il rattache au gothique bandvjan, banvjan, désigner, signifier ; mais il est obligé de supposer que le v du gothique manquait dans le dialecte allemand qui a fourni bannir. Notons que le gaélique a aussi bann, de sorte que le radical pourrait avoir subi une influence autre que celle de la forme germanique. Notons aussi que, à côté de bannire, à beaucoup près le plus fréquent, on trouve dans le bas-latin bannare, dans imbannare, dans bannalis, dans bannaria, bannarius. Il y a donc lieu de donner la préférence au haut allemand, admettant seulement un changement de conjugaison, comme dans bajulare qui a donné bailler et baillir.