« auparavant », définition dans le dictionnaire Littré

auparavant

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

auparavant

(ô-pa-ra-van) adv.
  • Dans un temps antérieur. Quelques mois auparavant. L'hiver d'auparavant. Puissé-je auparavant fléchir leur injustice, Racine, Iphig. II, 2. Et si Rome est encor telle qu'auparavant, Corneille, Pomp. IV, 3. Ta rage auparavant sera seule punie, Voltaire, Mérope, IV, 2. On expose son salut aux dangers d'auparavant, Fléchier, Serm. II, 232. Une compagnie qui prenait des partis auxquels elle n'avait pas pensé le jour d'auparavant, et dont elle s'étonnait ensuite, Voltaire, S. de Louis XIV, 5. Au lieu de trente vaisseaux qu'on avait joints l'année d'auparavant à la flotte anglaise, on en joignit quarante, Voltaire, ib. 11. La terreur des choses passées Faisait prévoir à leurs pensées Plus de malheurs qu'auparavant, Malherbe, II, 4.

REMARQUE

Dans la langue actuelle, auparavant est adverbe, et ne prend pas de complément. On ne dit plus auparavant l'année prochaine ; ni auparavant de faire ni auparavant qu'il fît : ce sont des archaïsmes. C'est Vaugelas qui a établi que auparavant devenait adverbe et cessait d'être préposition ou conjonction. Mais pour Corneille et ses contemporains, ces deux emplois étaient corrects et usités. En voici des exemples : La ville d'Agen fut tranquille et soumise en apparence, comme auparavant la sédition, La Rochefoucauld, Mém. 224. Je ne sais que l'archevêque de Bourges à qui cela [être archevêque sans avoir été évêque] fût arrivé auparavant lui [l'abbé de Mailly], Saint-Simon, 150, 185. Apprenez-moi le crime auparavant l'arrêt, Rotrou, Bélisaire, V, 5. Je vais par un chemin d'épines et de flamme, Mais qu'auparavant moi Dieu lui-même a battu, Rotrou, St Gen. IV, 4. C'est M. le conseiller, madame, qui vous souhaite le bonjour, et, auparavant que de venir, vous envoie des poires de son jardin, Molière, Comtesse d'Esc. 13. Et l'eût mise en état, malgré tout son appui, De s'en plaindre à Pompée auparavant qu'à lui, Corneille, Pomp. II, 4. Pesez, auparavant que de rien intenter, La juste occasion qui doit vous y porter, Rotrou, Bélisaire, IV, 6. Auparavant que sortir de la vie, La Fontaine, Mul. Auparavant que j'examine cela plus soigneusement, Descartes, Médit. 3.

HISTORIQUE

XVe s. Et mout en y eut qui paravant avoient tenu le parti au duc Phelipe et au duc Jehan, Fenin, 1420. Il fut de rechef averti que le curé alloit esteindre le feu comme auparavant de la defense, Louis XI, Nouv. LXXIII.

XVIe s. Auparavant que lui faire aucune priere pour nous et nos necessitez, nous lui requerons premierement que sa volonté soit faite, Calvin, Instit. 732. Je ne trouve point que ce nom ait esté en usage auparavant, Calvin, ib. 919. Et lors sont faicts debteurs qui paravant estoyent presteurs, Rabelais, Pant. III, 4. L'office descouvre l'homme ; au paravant, on ne sçayt pour certain quel il est, Rabelais, ib. III, 18. À tous accidens non soubsonnez, nos sens patissent plus enormes perturbations, que si eussent auparavant esté preveuz, Rabelais, ib. IV, 4. Quelques années auparavant, Montaigne, I, 49. Cette pie print à desdaing tout ce qu'elle sçavoit dire auparavant, Montaigne, II, 175. Ces barbares, sans conserve d'aucunes lettres, avoient la cognoissance des choses advenues bien 800 ans auparavant, Amyot, Préf. III, 27. Ce qui est auparavant n'est plus que fiction estrange, Amyot, Thésée, 1. Sa mere, tout le temps au paravant luy avoit celé qui estoit son vrai pere, Amyot, ib. 6. Au paravant de luy, Jean Froissard et Enguerrant de Monstrelet mirent par escrit…, Du Bellay, M. Prolog. On doit sçavoir que vingt ans au paravant on n'avoit senti un si dur hiver que celui qu'il faisoit lors, Lanoue, 659.

ÉTYMOLOGIE

Au, par et avant.