« asservir », définition dans le dictionnaire Littré
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asservir
- 1Réduire à l'état d'esclavage ou de simple dépendance.
César asservit son pays… Mon père asservit le Jourdain
, Voltaire, Zaïre, I, 2.Absolument.
Insensé qui croit asservir et se dispenser d'obéir !
Courier, I, 226. - 2 Par analogie.
Cet hymen m'asservit et le fils et la mère
, Voltaire, Mérope, IV, 1. - 3 Fig. Ses vertus ont asservi tous les cœurs.
Ma frugalité Asservit la nature à mon austérité
, Voltaire, Fanat. II, 4.Indigne d'asservir le cœur d'un honnête homme
, Molière, Mis. III, 7.Et j'ai bien fait aussi d'asservir ma raison En si belle prison
, Malherbe, V, 4. - 4S'asservir, v. réfl. Se soumettre. Il ne s'asservit à aucune règle. Il s'asservissait aux volontés de sa femme.
Donnant ma liberté, je me suis asservi
, Régnier, Sat. II.
HISTORIQUE
XIIe s. Tous li moins courrouciez s'estoit bien aatis Qu'ains i lairroit la teste que il fust aservis
, Sax. XXVI.
XIIIe s. Depuis en fu la ville assez plus asservie
, Berte, LX. As-tu or bon seignor servi, Qui si t'a pris et asservi Et te tormente sans sejor ?
la Rose, 4252. Donc avés-vous outréement La mort d'enfer bien deservie, Qui tel gent avés aservie
, ib. 12530. Tout me voil [je me veux] à vous asservir, Pour vous honorer et servir
, ib. 14985. Les seignors qui auroient un tel don fait, auroient aservi trop malement tote lor seignorie
, Ass. de Jér. I, 272. Il loist bien à afranquir ses enfans, et non à aservir
, Beaumanoir, XLV, 21. Onques nul jor Dieu ne servi, Ainçois ai le cors asservi à pechier, por l'ame confondre
, Rutebeuf, II, 113. Trop par ainme [aime] son aise qui lait [laisse] l'arme [âme] aservir, Qu'en enfer sera serve par son fol messervir
, Rutebeuf, ib. 139.
XVe s. Dix et set ans ay au Satan servi, Au monde aussi et à la char pourrie, Oublié Dieu, et mon corps asservi à celle court de tout vice nourrie
, Deschamps, De l'intér. des cours. [Le prince doit] requerir crueusement Son ennemi, et mener doucement Ses vrais subgiez, sans asservir nulli
, Deschamps, Des vertus accessoïres.
XVIe s. Vous asservez les personnes, pillez leurs biens et ruinez leurs villes
, Amyot, Cam. 27. Ceste corruption a esté cause de reduire la chose publique en monarchie, en asservant et assubjettissant les armes mesmes à l'argent
, Amyot, Cor. 19. Ilz ne asservirent ville quelconque qu'ilz eussent prise
, Amyot, Pélop. et Marcel. comp. 1. La Rochelle ne pouvoit estre assiegée que la riviere de Sevre, asservie par le Doignon et Maillezais, ne fut entierement libre
, D'Aubigné, Vie, CXXXIV.
ÉTYMOLOGIE
À et servir ; dans le XVIe siècle, on a conjugué ce verbe comme servir ; ce qui est la vraie conjugaison ; et conjuguer asservir comme nous faisons, c'est confondre la conjugaison qui vient de ire latin avec celle (par exemple fleurir) qui vient de iscere.