« apprêter », définition dans le dictionnaire Littré
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apprêter
- 1Rendre prêt. Apprêtez ce qu'il me faut. Apprêtez le dîner. Il apprêtait ses armes. Apprêter ses moyens de défense.
Entrez et recevez l'honneur qu'on vous apprête
, Racine, Esth. III, 2.Revêtons-nous d'habillements Conformes à l'horrible fête Que l'impie Aman nous apprête
, Racine, Esth. I, 5.Fig.
(Hommes cruels) qui mettez à profit les misères publiques, qui apprêtez les larmes et l'indigence de votre frère, et qui ne lui tendez la main que pour achever officieusement de le dépouiller
, Massillon, Villars. - 2Accommoder des mets. Comment le lièvre aura été apprêté.
- 3Fabriquer, façonner, travailler. Apprêter des drogues, des laines, des cuirs.
- 4 En termes de jardinage, apprêter ou toucher la figue ; c'est toucher l'œil de la figue avec une plume effilée, trempée dans de l'huile d'olive pour hâter la maturité du fruit.
- 5S'apprêter, apprêter à soi-même, s'attirer. Vous vous apprêtez de grands embarras.
Je vous connais, je sais tout ce que je m'apprête
, Racine, Mithr. IV, 4.Je sais trop quels tourments je m'apprête à moi-même
, Racine, ib. II, 6. - 6 V. n. Apprêter à manger, faire la cuisine, préparer les mets.
Absolument. Ce cuisinier apprête bien, il prépare, il assaisonne bien les mets.
- 7 Technologie. Donner de l'apprêt, du lustre, de l'apparence, limer.
- 8Apprêter à rire, donner occasion de rire à ses dépens.
N'apprêtons point à rire aux hommes, En nous disant nos vérités
, Molière, Amph. prol.N'apprêtez point à rire à ceux qui vous entendent
, Molière, Critique.S'APPRÊTER, v. réfl.
- 9Se préparer, se mettre en état de faire une chose. Il s'apprêtait à partir.
À suivre ce grand chef, l'un et l'autre s'apprête
, Boileau, Lutr. II.Bientôt il s'apprête à mériter son trône en marchant à leur tête
, Voltaire, Henr. I.Après ce rare exploit, je veux que l'on s'apprête à me peindre en héros…
, Molière, l'Étour. II, 11.Ce grand pouvoir lui pèse, il s'apprête à le rendre
, Corneille, Sertor. III, 4.Laonice, vois-tu que le peuple s'apprête Au pompeux appareil de cette grande fête ?
Corneille, Rodog. II, 2.Dieu s'apprête à te joindre à la race parjure
, Racine, Athal. III, 5.À combien de chagrins il faut que je m'apprête ?
Racine, Brit. II, 2. - 10Être préparé. Le temple où leur hymen s'apprête. Un orage s'apprête.
SYNONYME
APPRÊTER, PRÉPARER, DISPOSER. Il y a dans le mot apprêter, une idée d'industrie et de recherche ; dans le mot préparer, une idée de prévoyance et de diligence ; dans le mot disposer, une idée d'intelligence et d'ordre,
Guizot.
HISTORIQUE
XIe s. Ses granz dromonds il a fait aprester
, Ch. de Rol. CLXXXV.
XIIe s. Des douze pers i ot set aprestez
, Roncisv. p. 53. Pour bien ferir iloques [il] s'apresta
, ib. p. 80. [Il] Met soi es rans, de ferir aprestez
, ib. p. 143. L'apostole s'apreste pour la messe chanter
, Sax. XII. [Soyez] Apresté d'ostoyer, chascuns selon sa guise.
ib. XXIII. [Que chaque baron aille] Pour aprester ses homes, son cors et son afaire
, ib. XXX. Li malices qui dunc ert aprestez
, Th. le mart. 43. Li Philistien apresterent treis cunreis pur curre par la terre
, Rois, 44.
XIIIe s. Plus tost qu'il onques purent, font leur vivre aprester
, Berte, III. Et je irai la chose tout à point aprester
, ib. XVII. Et il i sont venu, de l'aler apresté [disposés à marcher]
, ib. CXXV. Et li trahistres mande à l'empereour que il est aprestés de jurer sor sains que jamais ne sera contraires à lui
, H. de Valenciennes, XXXVIII. Pardurable maleïçons leur est aprestée
, Psautier, f° 146. Ciaus ou celui por qui il portent la garentie deivent aveir un home apresté qui die por eaus [eux] leur parole
, Ass. de Jér. 124.
XIVe s. Si fut commandé et ordené que chascun se aprestast
, Bercheure, f° 37, recto.
XVe s. En me disant : Tu dors trop longuement ; Esveille toy, et aprestes briefment
, Orléans, 10.
XVIe s. Apprester à rire à ses compaignons
, Montaigne, I, 49. Philosopher, c'est s'aprester à mourir
, Montaigne, I, 68. Ils les cuisent et apprestent à diverses saulces
, Montaigne, I, 106. Il ne se courroucea jamais pour chose qu'il [son serviteur] luy eust apprestée à son disner
, Amyot, Caton, 3.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. aiprôtai ; provenç. et espagn. aprestar ; ital. apprestare ; de à et prêt, adj.