« alléguer », définition dans le dictionnaire Littré

alléguer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

alléguer

(al-lé-ghé. Palsgrave, p. 23, dans le XVIe siècle, prononce les deux ll. La syllabe le prend l'accent grave, quand elle est suivie d'une syllabe muette : j'allègue, excepté au futur et au conditionnel, où elle garde l'accent aigu : j'alléguerai ; contradiction à faire disparaître) v. a.
  • 1Citer une autorité, un passage, un fait. Alléguant ses autorités. Ce verset que je vous ai allégué pour mon texte, Bossuet, Serm. Quinq. 2. Après avoir allégué deux passages de saint Jean Chrysostome, Bossuet, Avent. Saint Paul ne cesse d'alléguer ce que Moïse a dit, Bossuet, Hist. II, 13. Je n'allègue pas aux Israélites d'autres témoins que leurs yeux, Bossuet, Hist. II, 3. Je pourrais ici alléguer cet illustre prélat qui…, Bossuet, Cornet.
  • 2Mettre en avant, s'appuyer de. Les excuses que vous alléguez. C'est un prétexte qu'on allègue pour flatter les princes, Fénelon, Tél. XI. N'alléguez point des droits que je veux oublier, Racine, Andr. IV, 3. S'il ose m'alléguer une odieuse loi, Racine, Baj. I, 3. Les faits dont on allègue la preuve, Bossuet, Hist. II, 12. Chaque mère à sa bru l'alléguait pour patron, La Fontaine, Matr. Sans rien faire, alléguant l'exemple de Gaster, La Fontaine, Fab. III, 2. Elles savent assez alléguer Artémise, Disputer du devoir et de la foi promise, Malherbe, VI, 25. C'est cette demoiselle que vous estimez si fort, qui vous allègue sans cesse et qui rend de grands témoignages à votre mérite, Guez de Balzac, I, 263.

HISTORIQUE

XIIIe s. En quelque meniere que aucuns soit semons devant le prevost, ou devant le baillif, il i doit venir por alleguier son privilege, s'il a, por soi deffendre, Liv. de just. 84. Ou quant li demanderes demande dette ou convenence, et li deffenderes alligue respit, Beaumanoir, VII, 3. Le [la] longue tenure qu'il alliguent ne lor vaut riens, Beaumanoir, XXII, 7.

XIVe s. Et allegoient comme fols plusieurs raisons l'un contre l'autre, Ménagier, I, 6. Il priva de sepulture le roi Servius en alleguant que Romulus estoit peris et morz sans ensevelir, Bercheure, f° 23, verso.

XVe s. Et par ces raisons alleguées taschoient fort de remettre le roy en ceste guerre, Commines, III, 1. Ni ne vous allegue riens des histoires passées pour exemple, Commines, III, 4. Et ay ouy estimer quatre-vingtz mil escuz l'an ce qu'il tenoit en ces choses alleguées [offices] dans son patrimoine, Commines, III, 4.

XVIe s. Combien que les fideles alleguent Dieu pour tesmoin et juge de leur innocence contre la mauvaistié des hypocrites…, Calvin, Inst. 645. Ce precepte est souvent allegué en Platon, Montaigne, I, 12. Antigonus alleguoit que c'estoit raison, Montaigne, I, 26.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. allegar, alleguar ; espagn. alegar ; ital. allegare ; de allegare, de al pour ad, vers, et de legare, envoyer, envoyer vers, citer, invoquer (voy. LÉGUER).