« accoutrer », définition dans le dictionnaire Littré

accoutrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

accoutrer

(a-kou-tré) v. a.
  • 1Mettre des habits sur le corps de quelqu'un. On l'a plaisamment accoutré.
  • 2 Fig. Maltraiter en paroles ou en actes. Pendant son absence, on a parlé de lui, et on l'a accoutré de toutes pièces. Le pèlerin… de horions laidement l'accoutra, La Fontaine, Contes, coc.
  • 3S'accoutrer, v. réfl. Cette femme n'a pas de goût, elle s'accoutre ridiculement.

HISTORIQUE

XIIIe s. Luxure confond tout là où ele s'acoutre, J. de Meung, Test. 1809.

XVe s. Et ses divers tours m'a monstrez, Biens et maulx ensemble accoustrez, Non pas petis, mais tous oultrez, Chartier, Livre des quatre Dames. Car d'eulx vous prenez la matiere, Et des cieulx la forme premiere Pour quanque soit que labeuriez, Ou à vos labeurs accoustriez, l'Alch. à Nat. 42. Quelque deux mille lances… qui n'estoient point si bien acoustrez que ceulx de dedans Paris pour la longue paix qu'ils avoient eue, Commines, I, 8. Les mieulx parés et acoustrez qui pourroient estre, Commines, II, 4. Luy fist faire quatre grosses nefz qu'il luy fist acoustrer au port de la Vere [Hollande], Commines, III, 6.

XVIe s. Ils leur permettoient d'accoustrer leurs cheveux et embellir leurs armes et leurs habillemens, Amyot, Lyc. 46. Pisistratus donna à entendre que ce avoient esté ses ennemis, qui l'avoient ainsi mal accoustré [blessé], Amyot, Sol. 63. Il fit aussi accoustrer et fortifier le fort de Piraee, Amyot, Thém. 38. Toutes sortes de viandes exquisement accoustrées, Amyot, Lucull. 80. Ses gens lui avoient fait accoustrer à disner, Carloix, III, 12.

ÉTYMOLOGIE

Berry, accoustrer (l's se prononce) ; bourguig. écoutrai ; provenç. acotrar. Mot d'origine obscure. Sylvius le tire de adconsternere ; Caseneuve, de cultellatus qui, dans le moyen âge, a signifié plissé, vestis cultellata, habillement plissé, et, de là, habillement en général ; mais rien n'indique que ce mot ait passé dans la langue vulgaire. D'autres le tirent de cotte, jupe, ancien allemand chozza. Génin le tire de coustre, cuistre, custos : Accoutrer, dit-il, c'est arranger, mettre en ordre, comme faisoit le coustre des ornements de l'église. On peut penser, à cause du sens et de l'orthographe, à coudre, cousu, cousture ; et Diez a donné cette étymologie. Il y a pourtant une objection : c'est le provençal acotrar, qui, dans cette hypothèse, devrait être acostrar. Il faut remarquer que les exemples cités par Raynouard appartiennent seulement à la Chronique des Albigeois, écrit qui est du XIIIe siècle ; on pourrait supposer qu'il est venu du français dans le provençal : mais cela n'est qu'une conjecture, et l'étymologie de accoutrer reste incertaine.