« école », définition dans le dictionnaire Littré
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école
- 1Établissement où l'on enseigne les éléments des lettres, des sciences, des arts. Ouvrir une école. Maître d'école. École de dessin. École primaire.
… Les loups de son temps n'allaient point à l'école
, Régnier, Sat. III.Écoles chrétiennes, écoles instituées au commencement du XVIIe siècle par Lasalle pour les enfants pauvres.
Écoles charitables, institut pour enseigner aux enfants à lire, à écrire et à connaître, aimer et servir Dieu ; il fut fondé en 1686 par un minime d'Amiens, le P. Barri.
Tenir école, enseigner.
Le noble poursuivit : Moi je sais le blason ; j'en veux tenir école
, La Fontaine, Fabl. X, 16.Il en tiendrait école, c'est-à-dire il sait très bien cela.
Renvoyer quelqu'un à l'école, lui faire sentir son ignorance.
Faire l'école buissonnière, manquer la classe en parlant d'un écolier, et, figurément, manquer à des exercices, à des fonctions (voy. BUISSONNIER).
Prendre le chemin de l'école, prendre le chemin le plus long.
Dire les nouvelles de l'école, découvrir le secret d'une compagnie, d'une coterie, dire ce qu'il faudrait taire.
- 2Établissement d'un ordre plus élevé ou d'un ordre plus spécial. Entrer à l'École polytechnique, à l'École normale.
Réformer le corps des sciences ou l'ordre établi dans les écoles pour les enseigner
, Descartes, Méth. II, 2.Il me semblait n'avoir fait autre profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance ; et j'étais en l'une des plus célèbres écoles de l'Europe, où je pensais qu'il devait y avoir de savants hommes, s'il y en avait en aucun endroit de la terre
, Descartes, ib. I, 6.Il y en eut [des prisonniers suédois transportés en Sibérie] qui enseignèrent les langues, les mathématiques ; ils y établirent même des écoles publiques qui, avec le temps, devinrent si utiles et si connues, qu'on y envoyait des enfants de Moscou
, Voltaire, Charles XII, 4.École centrale, nom des écoles publiques créées dans chaque département par la Convention en 1795.
École centrale des travaux publics, nom primitif de l'École polytechnique, en 1795.
Aujourd'hui, École centrale des arts et manufactures, établissement où l'on forme des ingénieurs civils.
École polytechnique, école où l'on donne une instruction générale dans les sciences mathématiques, physiques et chimiques à des jeunes gens pour les préparer à différents services publics, civils et militaires.
École normale, établissement où l'on forme les jeunes gens pour le professorat dans les lycées.
École de St-Cyr, établissement où l'on forme des officiers pour l'infanterie et la cavalerie.
Écoles d'application, nom donné en général aux écoles spéciales dans lesquelles ne sont admis que les sujets qui ont terminé leurs études générales. École d'application du corps d'état-major, école destinée à former des officiers pour le service de l'état-major. École d'application du génie maritime, école destinée à former des ingénieurs pour la construction des vaisseaux et les travaux de la marine. École d'application d'artillerie et du génie, école de Metz qui ne reçoit que des jeunes gens sortant de l'École polytechnique et qui forme des officiers pour l'artillerie et le génie.
École des arts et métiers, établissement où l'on enseigne les arts mécaniques.
École des beaux-arts, école où l'on enseigne la peinture, la sculpture et l'architecture.
En parlant du vaisseau sur lequel est établie l'école de marine, on dit le vaisseau-école. Il est professeur sur le vaisseau-école.
- 3Le local où l'école est établie.
- 4 Par extension, tous les élèves d'une école. Toute l'école est à la promenade.
Les écoles, les élèves des écoles de droit, de médecine, polytechnique, normale, etc.
- 5 Terme militaire. École de peloton, école de bataillon, les exercices de peloton, de bataillon.
- 6 Fig. Se dit de ce qui forme ou éclaire par l'expérience.
Trois sceptres conquis Font voir à quelle école il en a tant appris
, Corneille, Nicom. III, 2.Et ses illustres soins ouvraient à ses sujets L'école de la guerre au milieu de la paix
, Corneille, Attila, II, 5.Tous les ingrats iront en foule à votre école, Puisqu'on y devient quitte en payant de parole
, Corneille, Théodore, I, 2.C'est une école que votre conversation, et j'y viens tous les jours attraper quelque chose
, Molière, Comt. d'Escarb. 11.Oh ! le bel argument digne de leur école !
Boileau, Ép. XI.La cour fut pour lui une école de sagesse et de vertu
, Bouhours, Aubusson, liv. I, dans RICHELET.Les plaisirs publics sont devenus des écoles de lubricité
, Massillon, Carême, Élus.Il n'est pas étonnant que Carthage, partie de la première école du monde pour le commerce, je veux dire de Tyr, y ait un succès si prompt et si constant
, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. I, p. 211, dans POUGENS.Dans l'école du crime et dans l'art des tyrans
, Voltaire, M. de Cés. III, 7.Je me console de mon ignorance par la pensée que cette terre sur laquelle nous rampons n'est que l'école destinée à nous fournir les premiers rudiments de la science
, Bonnet, Lett. div. Œuvres, t. XII, p. 425, dans POUGENS.À l'école des mœurs et de la pauvreté, J'ai senti le bienfait de mon adversité
, Ducis, Abufar, I, 5.De nos jours, après la commotion terrible de la France, une intelligence politique nous a été donnée par cette rude école des événements
, Villemain, Litt. franç. XVIIIe siècle, 2e part. 4e leç.L'école du monde, l'expérience et les manières que donne le monde, la société.
Sainville a grand besoin de l'école du monde
, Lachaussée, Couv. I, 2.Familièrement. Être à l'école de, vivre au milieu de gens sur lesquels on se règle.
On juge bien qu'étant à telle école [chez des religieuses], Point ne manquait du don de la parole L'oiseau disert…
, Gresset, Vert-Vert, II.Être à bonne école, être sous la direction d'une personne habile.
Il faut qu'on vous ait mise à quelque bonne école
, Molière, Éc. des f. V, 4.On dit par opposition, être à mauvaise école.
… Ma foi, tant pis pour vous ; Je ne m'y connais pas, ou bien, sur ma parole, Vous êtes là, m'amie, en très mauvaise école
, Regnard, Ménechm. II, 3.Il s'est dit pour maître ou maîtresse.
Que j'apprenne, si vieux, d'une si jeune école,
Rotrou, Antigone, IV, 6. - 7Manière, ton d'écolier ; manières gauches, pédantes. Il sent l'école.
Ce visage et ce port n'ont point l'air de l'école
, Corneille, Ment. I, 1.Momus a pris pour adjoints Des rimeurs d'école
, Béranger, Gaudr. - 8Enseignement de la théologie et de la philosophie suivant la méthode et les principes des écoles du moyen âge. Saint Thomas d'Aquin est appelé l'ange de l'école.
J'userai, s'il vous plaît, librement des mots de l'école
, Descartes, Méth. IV, 4.Philippe Auguste aima les lettres, accueillit et protégea les savants ; les écoles de Paris devinrent célèbres ; on y accourut des provinces et des pays étrangers
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. III, p. 16.Il se dit aussi dans un sens plus général de l'enseignement oral ou même écrit. Le langage de l'école.
Écoute donc, mon fils, écoute mes paroles ; Elles passent de loin cet orgueilleux savoir, Que la philosophie étale en ses écoles
, Corneille, Imit. III, 3.Combats d'école, lutte entre docteurs sur des points de doctrine.
Il a laissé tonner dans leurs chaires frivoles Les chefs impérieux de ces combats d'écoles
, Lemierre, Barnevelt, I, 2. - 9Secte ou doctrine de quelque philosophe ou docteur célèbre. L'école de Platon, d'Aristote. L'école d'Hippocrate.
Il sortit de l'école de Pythagore d'illustres disciples qui firent un honneur infini à leur maître
, Rollin, Hist. anc Œuvres, t. III, p. 473, dans POUGENS. - 10Caractère commun à des œuvres d'art, de littérature ou de science. L'école classique. L'école romantique. L'école de Port-Royal. L'école de Voltaire.
École flamande, école d'Italie, école française, etc. suite de peintres célèbres qui ont travaillé dans le goût de ces pays, et dont la plupart étaient Flamands, Italiens, Français, etc.
Faire école, se dit d'un homme de lettres, d'un artiste dont le genre ou la manière ont des imitateurs.
En termes de musique. Il y a de l'école dans ce chœur. C'est un morceau d'école.
- 11École historique, manière d'écrire l'histoire où l'on cherche surtout à déduire les causes et l'enchaînement des événements, la suite des institutions et l'état des mœurs, par opposition à école descriptive, laquelle s'occupe surtout de raconter.
En Angleterre, l'école historique éprouvait le besoin de donner à toutes choses, non pas la régularité formaliste du dix-septième siècle, mais une sorte de justesse philosophique
, Villemain, Litt. franç. XVIIIe siècle, 2e part. 4e leç.École historique, opinion qui veut faire prévaloir dans la politique les données de l'histoire. École historique, se dit souvent par opposition à école rationaliste ou école philosophique.
- 12 Terme de manége. Ce cheval a de l'école, il a été dressé au manége.
Basse école, les exercices par lesquels les élèves apprennent à monter à cheval.
Haute école, les exercices de la voltige.
Cheval hors d'école, cheval qui a oublié son exercice.
Pas d'école, allure employée pour modérer l'ardeur d'un jeune cheval.
- 13 Terme de trictrac. Faire une école, oublier de marquer les points que l'on gagne, ou en marquer mal à propos.
Il jouait tout de travers, écoles sur écoles, Dieu sait
, Hamilton, Gramm. III.Une école maudite Me coûte en un moment douze trous tout de suite
, Regnard, le Joueur, I, 4.Mettre à l'école, marquer l'école, marquer pour soi les points que l'adversaire a oublié de marquer ou a marqués de trop. On ne compte pas, on ne marque pas l'école de l'école, c'est-à-dire que, si l'adversaire a oublié de marquer une école, on ne peut pas compter cette école.
Fig. Il a fait une école, il a fait une faute de conduite.
En l'accusant aussi, moi, j'ai fait une école
, Picard, Médiocre et rampant, III, 9.Par exclamation. Quelle école ! c'est-à-dire, quelle sottise !
PROVERBE
On est savant quand on revient de l'école, c'est-à-dire celui qui vient de recevoir une information, un renseignement, ne commet plus la faute qu'il commettait auparavant.
HISTORIQUE
XIe s. Puis ad escole li bons pedre [père] le mist
, Saint Alexis, VII.
XIIIe s. Bele, nous nous entraimions, Quant à l'escole aprenions
, Romanc. p. 62. [Sainte Elisabeth] Escole fu de bonnes mors [mœurs] ; Examples fu de penitance, Et droiz mireors [miroir] d'ignorance
, Rutebeuf, II, 157. Escoles porriez tenir, Et riches homes devenir
, Ren. 21137. Moult sui, fist-ele, à bonne escole, Quant de mon ami oi [j'entends] parole
, la Rose, 2691. Car Platon disoit en s'escole Que donnée nous fu parole Por enseignier et por aprendre
, ib. 7131. Si n'avoit aillors grans escoles De roictiaus [roitelets] et torteroles, De chardonneraus, d'arondeles
, ib. 651. Li rois respont : Por vostre amor Ferai aprendre Blancheflor. Es-les-vous andeus [les voilà tous deux] à escole
, Fl. et Bl. 215.
XIVe s. Bien pert [paraît] à son parler qu'il fut à bonne escoule
, Girart de Ross. V. 1391.
XVe s. Philippe [d'Artevelle] retint bien de son escole et de sa doctrine [de Pietre du Bois] ; car il n'ot mie esté longuement dans l'office de gouverner Gand, quand il en fit tuer et decoller devant lui douze
, Froissart, II, II, 121.
XVIe s. Je ne sache point meilleure eschole que le voyager
, Montaigne, IV, 104.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, sicoll, sukall ; provenç. escola ; espagn. escuela ; ital. scuola ; du latin schola, du grec σχολὴ, temps de loisir, de repos, et, par suite, temps donné aux travaux d'esprit. C'est par ellipse qu'on a dit école au trictrac pour exprimer la faute : l'expression pleine était envoyer à l'école, parce que, les coups étant très variés à ce jeu, il faut avoir une très grande habitude pour ne rien oublier. On a dit ensuite école pour l'oubli qui faisait renvoyer à l'école, puis faire une école, compter une école, l'école de l'école, etc. de là le mot a passé dans le langage général.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
ÉCOLE. Ajoutez :La saison de la pêche [de la morue] est ordinairement en janvier et mai ; une immense école se réunit au mois de janvier à George-Bank sur un fond vaseux pour frayer… une autre école se forme dans la même intention au mois d'avril au cap Breton, et une troisième dans la baie de Fundy, Journ. offic. 11 juill. 1876. p. 5028, 3e col.