« tandis », définition dans le dictionnaire Littré

tandis

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tandis

(tan-di ; avec que, quelques-uns prononcent tan-di-ske ; ce qui est moins bon que tan-dike) adv.
  • 1Pendant ce temps-là. Tandis la nuit s'en va, ses lumières s'éteignent, Malherbe, I, 4. Et tandis il m'envoie Faire office envers vous de douleur et de joie, Corneille, Hor. IV, 2. Tandis la vieille a soin du demeurant, La Fontaine, Faucon.
  • 2Tandis que, loc. conj. Pendant le temps que. Tandis que je ferai préparer son départ, Vous irez dans mon camp l'attendre de ma part, Corneille, Nicom. II, 2. Camoëns, d'une ancienne famille portugaise, naquit en Espagne dans les dernières années du règne célèbre de Ferdinand et d'Isabelle, tandis que Jean II régnait en Portugal, Voltaire, Ess. poés. ép. VI. Vous faites fort bien, tandis que vous êtes encore jeune, d'enrichir votre mémoire par la connaissance des langues, Voltaire, Lett. d'Argens, 22 juin 1737.

    Le que peut se séparer de tandis. Nous cultivons les vergers et la plaine, Tandis, petits oiseaux, qu'elle [la nature] fait tout pour vous, Deshoulières, t. I, p. 99. Mais tandis, ô mon Dieu, qu'aux yeux de ton aurore Un nouvel univers chaque jour semble éclore, Lamartine, Harm. I, 3.

  • 3Tant que. Tandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent, Pascal, Pens. XV, 13 bis, édit. HAVET. Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours change, Ne vous a point promis un bonheur sans mélange, Racine, Iphig. I, 1.
  • 4Au lieu que, servant à marquer une opposition, un contraste. Il fait que tout prospère aux âmes innocentes, Tandis qu'en ses projets l'orgueilleux est trompé, Racine, Esth. I, 1. Ce peuple si faible [les Juifs], opprimé en Égypte… n'a jamais pu être exterminé, tandis que d'autres, plus puissants, ont suivi la destinée des choses humaines, Massillon, Carême, Vérité de la religion. Tandis que les autres législateurs se sont bornés à empêcher le mal, il [Lycurgue] nous a contraints d'opérer le bien et d'être vertueux, Barthélemy, Anach. ch. 43.

REMARQUE

L'emploi de tandis sans que pour dire pendant ce temps, ancien dans la langue, a été proscrit par Vaugelas et par Ménage, bien que Corneille et la Fontaine s'en soient encore servis. Voltaire a suivi ces grammairiens, disant que tandis sans que n'est permis que dans le style burlesque. L'exemple de Corneille devrait autoriser à le faire revivre ; car il n'y a pas de mot unique qui le remplace convenablement.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et tandis que il les asanble, Renart ses coroies li emble, Ren. 16944. Lietard, qui tandis s'apensoit De respondre…, ib. 16130.

XVe s. Quand il fut venu en Navarre, on lui fit très bonne chere ; et se tint avec sa mere un tandis, puis prit congé, Froissart, II, III, 13.

XVIe s. Joie entiere on ne peut avoir, Tandis que l'on est en ce monde, Marot, II, 110. Tandis que nous aurons des muscles et des veines, Et du sang, nous aurons des passions humaines, Ronsard, 775.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. tandius. Le provençal vient du lat. tandiu ; mais le français vient de tantos dies, comme le montre le mot parallèle tous dis.