« étape », définition dans le dictionnaire Littré

étape

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

étape [1]

(é-ta-p') s. f.
  • 1Anciennement, nom donné aux places publiques, où les marchands étaient obligés d'apporter leurs marchandises pour les y mettre en vente. L'étape est belle. L'étape des vins est considérable. Nulles personnes, de quelque qualité et condition qu'elles soient, ne pourront faire magasins ou étapes de vins en leurs châteaux, maisons de champs et villages, Règlement du 6 mars 1638.
  • 2Ville, localité, comptoir, où il y a entrepôt et commerce d'échange. Alexandrie étant devenue la seule étape, cette étape grossit, Montesquieu, Esp. XXI, 16. Dans la faiblesse de l'empire, les barbares obligèrent les Romains d'établir des étapes et de commercer avec eux ; mais cela même prouve que l'esprit des Romains était de ne pas commercer, Montesquieu, ib. XXI, 15. On arrivait à Muziris, première étape des Indes, et de là à d'autres ports, Montesquieu, ib. XXI, 9.

    Terme de marine. Endroit d'un port où les marchands apportent leurs marchandises. Peu usité.

  • 3Fourniture de vivres, de fourrages qu'on fait aux troupes qui sont en route. Recevoir son étape en argent. La fourniture des étapes dans toutes les villes et lieux sujets au passage des troupes… les adjudicataires généraux de la fourniture des étapes et les étapiers particuliers seront exempts, pour les vins qu'ils fourniront à l'étape seulement, de tous les droits d'octroi, Arrêt du conseil d'État, 15 déc. 1708.

    Magasin où l'on met les vivres destinés aux troupes qui passent. Le roi ordonnait dans l'ordonnance du 19 novembre 1549 que les troupes de passage ne pussent s'approvisionner de vivres qu'à l'étape.

  • 4Lieu où des troupes en marche s'arrêtent pour passer la nuit, ainsi dit parce que c'était là qu'on fournissait l'étape. Arriver à l'étape. Quand vous irez à votre régiment, n'oubliez pas mon petit château qui est votre étape, Voltaire, Lett. la Villevieille, 20 déc. 1768.

    Brûler l'étape, ne pas s'arrêter à l'étape. On a dit autrefois dans le même sens faire cuire l'étape.

    Par analogie, brûler l'étape se dit des voyageurs qui ne s'arrêtent pas au lieu ordinaire. Je pris la résolution de brûler l'étape de *** et de passer tout droit, Rousseau, Conf. VI.

    La distance entre deux étapes. Cette étape est longue.

    Dans le langage familier, les soldats comptent par étapes les marches qu'ils ont à faire. Il y a tant d'étapes de Paris à Lille.

    Fig. Faire une bonne étape, faire une bonne partie d'un travail.

  • 5 Par extension, lieu où l'on s'arrête dans le cours d'un déplacement successif, tel que colonisation, acclimatement, etc. Une plante peut-elle, par des étapes successives, passer des pays chauds dans les pays tempérés ?

    Fig. Les étapes de l'humanité, de la civilisation.

HISTORIQUE

XVe s. Le maistre de l'estaple des laines [entrepôt] de toute Angleterre, Froissart, II, II, 223.

XVIe s. Le roy Loys vint jusqu'en leur estappe Les assomer, heureux est qui eschappe, Marot, J. V, 139. Il faut six ou sept jours à deloger, à faire cuire du pain, ordonner aux commissaires des vivres de faire leurs estapes, et le chemin qu'il faut tenir, Castelnau, 143. Allegans que ceulx d'Athenes leur avoient defendu leurs ports, leurs estappes [leurs marchés], et tout commerce ettrafic ès lieux de leur obeïssance, Amyot, Péric. 56. Hannibal n'avoit pas auparavant une seule ville, une seule estappe, ny un seul port en Italie, Amyot, Fab. 35.

ÉTYMOLOGIE

Bas-latin, stapula ; du germanique : flam. stapel, entrepôt ; angl. staple ; danois, stabel, amas. On trouve dans Palissy, p. 315, estape pour pieu ; c'est un autre mot dérivé de l'allemand Stab, bâton (voy. ÉTABLE 2).