« voire », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
voire
- 1Vraiment (sens qui est le sens propre et qui a vieilli).
Et, comme les Normands, sans lui répondre voire
, Régnier, Sat. III.Que l'on dresse un lit à ce gentilhomme : voire, qui en aurait, dit l'hôtesse ; il ne m'en restait qu'un que je viens de donner à un marchand du Bas-Maine
, Scarron, Rom. com. I, 6. - 2Même.
Je puis faire arriver en six jours, voire en six heures, ce qui s'est passé en six ans
, Corneille, Sertor. Au lecteur.Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines, Voire chapitres de chanoines
, La Fontaine, Fabl. II, 2.Résolue de demeurer veuve, voire de mourir plutôt que de tenter un second hasard
, La Fontaine, Psyché, II, p. 128.Il se joint souvent au mot même.
Ce remède est inutile, voire même pernicieux
, Dict. de l'Acad.On s'y instruit de choses qui ne se trouvent pas dans les livres les plus graves, voire même dans l'Encyclopédie
, Arnault, Loisirs d'un banni, t. II, p. 104, dans POUGENS.
HISTORIQUE
XIe s. S'il volt ostages, il en aurat par veir
, Ch. de Rol. VI.
XIIe s. Au mont n'a [au monde il n'y a], voir, si cruel traïson Qu'un bel semblant et courage felon
, Couci, IX.
XIIIe s. Je l'eüsse gehi [avoué], Voire le premier jour que je oncques vins ci
, Berte, CXVIII. Bien s'en vestiroient as festes Empereor, ou roi, voire ange
, la Rose, 20 435.
XVe s. Au dire voir, ils [les nobles] n'estoient qu'une poignée de gens dedans, au regard de la communauté du royaume d'Angleterre
, Froissart, I, 1, 32. Prince, aujourd'hui [je] voy tout anientir, Le voir cesser, et regner le mentir
, Deschamps, Poésies mss. f° 118.
XVIe s. Voire mais, comment seroit-il possible de trouver un taureau si grand, dit l'estranger ?
Amyot, Lyc. 31. Je voys au moins de loing après [ces auteurs], disant que voire [disant oui, approuvant]
, Montaigne, I, 155.
ÉTYMOLOGIE
Picard, voire, vrai, oui-da ; bas-norm. vère (dans l'arrondissement de Valognes, dit le Dict. franco-normand de Métivier, Londres, 1870, les enfans jouent à un jeu qui consiste à répondre à toutes les questions sans se servir des particules négatives et affirmatives, et ils disent en commençant : Je te défends de dire ni oui ni non ni vère, jusqu'à ce que je sois repassé de la feire) ; bourguig. voy, vrai : dy mey voir, dis-moi vrai ; du latin verus, vrai. Voir ou voire signifiait vrai, et il a été pris adverbialement pour vraiment.