« trompeur », définition dans le dictionnaire Littré

trompeur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

trompeur, euse

(tron-peur, peu-z') adj.
  • 1Qui trompe. Les apôtres ont été trompés ou trompeurs ; l'un ou l'autre est difficile ; car il n'est pas possible de prendre un homme pour être ressuscité…, Pascal, Pens. XIX, 1, éd. HAVET. Écoutez, hommes trompeurs et trompés… vous qui dites : nous avons un pacte avec la mort, Fléchier, Serm. 4e dim. Avent. La mer la plus terrible et la plus orageuse Est plus sûre pour nous que cette cour trompeuse, Racine, Esth. III, 1.

    Il se dit des choses. Je fais des efforts pour n'être point la dupe de ces trompeuses apparences, et dans quelques années je vous conseillerai d'en faire autant, Sévigné, à Coulanges, 26 avril 1695. La grandeur est un songe, la joie une erreur, la jeunesse une fleur qui tombe, et la santé un nom trompeur, Bossuet, Duch. d'Orl. Connaître par expérience le faible des grands politiques, leurs volontés changeantes ou leurs paroles trompeuses, Bossuet, Anne de Gonz. L'archiduc contre son dessein, tiré d'un poste invincible par l'appât d'un succès trompeur, Bossuet, Louis de Bourbon. Vous savez sa coutume, et sous quelles tendresses Sa haine [de Mithridate] sait cacher ses trompeuses adresses, Racine, Mithr. I, 5. Et le sommeil trompeur lui versait ses pavots, Voltaire, Henr. II. Les succès de l'enfance, présages quelquefois si trompeurs, ne le furent point dans Charles de Secondat, D'Alembert, Élog. Montesq.

    Trompeur de, qui trompe sur, qui cache. Nous changeons bien d'habits, mais non pas de courages ; Et ces masques trompeurs de nos conditions Cachent, sans les changer, nos inclinations, Corneille, Clit. III, 5.

  • 2 S. m. et f. Celui, celle qui trompe. Et puis, qu'est un palais, qu'une maison pompeuse Qu'à notre ambition bâtit cette trompeuse [la Fortune] ? Rotrou, Vencesl. II, 1. Car c'est double plaisir de tromper le trompeur, La Fontaine, Fabl. II, 15. Tant le monde fut toujours composé de trompeurs et de gens qui aimèrent à se tromper ! Voltaire, Dict. phil. Apocryphes. Ah ! s'il y avait moyen d'attraper ce grand trompeur ! Beaumarchais, Mar. de Fig. I, 1.

    Fig. Le plaisir, de lui-même, est un trompeur, et, quand l'âme s'y abandonne sans raison, il ne manque jamais de l'égarer, Bossuet, Conn. III, 8.

    S. m. Poisson du genre spare.

    PROVERBE

    À trompeur trompeur et demi, il est permis de tromper celui qui nous veut tromper. Un trompeur en moi trouve un trompeur et demi, Corneille, la Veuve, IV, 7.

HISTORIQUE

XVe s. Ce trompeur là est bien bec jaune, Patelin, 249. À trompeur, trompeur et demy, Orléans, Rondel 63. Ceste tromperesse fortune l'avoit regardé de son mauvais visage, Commines, IV, 12. L'official, voyant que c'estoit un vrai trompeur, et qu'il se trompoit de lui…, Louis XI, Nouv. XCIV.

XVIe s. Qui trompe le trompeur et robbe le larron, Gaigne cent jours de vrai pardon, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 408.

ÉTYMOLOGIE

Tromper. Le sens ancien de trompeur est joueur de trompe ou trompette.