« torcher », définition dans le dictionnaire Littré

torcher

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

torcher [1]

(tor-ché) v. a.
  • 1Frotter, comme on fait avec un torchon, pour nettoyer, pour essuyer. Il [le duc de Gesvres] fit partout dans le lit, tellement qu'il fallut passer une partie de la nuit à les torcher [lui et sa femme] et à changer de tout, Saint-Simon, 141, 258.

    Fig. et populairement. Il n'a qu'à s'en torcher le bec, il ne doit pas compter sur ce qu'il désire. Pour des ambassadeurs torchez-en votre bec, Boursault, le Mort vivant, II, 6. Regarde-la bien, tu peux t'en torcher le bec, Comte de Caylus, Loup galeux, Œuv. t. IX, p. 310.

  • 2Essuyer, nettoyer des pinceaux ou la palette.

    Torcher le quarteron d'or, le nettoyer avec un morceau de drap.

    Torcher le tas, chez les cartiers, enlever la colle que la presse a fait sortir d'entre les feuilles.

  • 3 Fig. Battre. Il se fera torcher.
  • 4 Terme de marine. Trivialement, torcher de la toile, faire porter beaucoup de voiles à un bâtiment.
  • 5 Terme de construction. Recouvrir un mur, une cloison avec du torchis.
  • 6Faire, avec un ou plusieurs brins d'osier, le cordon qui borde certains ouvrages de vannerie.
  • 7Se torcher, v. réfl. S'essuyer, se nettoyer. Folio a tergo, ce qui veut dire une feuille à se torcher, Galiani, Corresp. t. I, p. 119, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIIe s. Si li torchoit [à son coursier] les costez et les flans, les Enfances Guillaume, dans JONCKBLOET, Guill. d'Orange, t. II, p. 16. S'on lo vult torchier [un cheval] Là ù li maz [le mal] gist, donc lo verriez drecier, Fiert des piez…, Arch. des miss. scient. 2e sér. t. v, p. 194. Pour le grant Dieu mout me prierent Li Juif, quant il m'encontrerent, Que men sydoine [mouchoir] leur prestasse, Au prophete son vis torchasse, Erramment [aussitôt] le sydoine pris, Et li torchei mout bien son vis [visage], Saint-Graal, 1599.

XIVe s. Et Longis, li membrés, Torcha ses iex du sanc, ce fu la verités, Baud. de Seb. XI, 376.

XVIe s. Ayans fait leur confession au prestre, ils estiment qu'ils peuvent torcher leur bouche et dire qu'ils n'ont rien fait, Calvin, Instit. 502. Le duc de Guise, se baissant dessus [le cadavre de Coligny] et luy torchant le visage avec un mouchoir, dit : " Je le connoy ; c'est luy-mesmes, ", Relation de la Saint-Barthélemy (Mém. de l'état de France sous Charles IX, t. I) Ils [les anciens] se torchoient le cul (il faut laisser aux femmes cette vaine superstition des paroles) avecques une esponge, Montaigne, I, 372.

ÉTYMOLOGIE

Torche, dans le sens de bouchon de paille ; Berry, trocher ; wallon, toirchî, tordre, donner une entorse ; provenç. torcar, torquar ; catal. torcar.