« tire », définition dans le dictionnaire Littré

tire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tire

(ti-r') s. f.
  • 1Il s'emploie dans cette loc. adv. et familière Tout d'une tire, sans discontinuation, de suite. Relisez la pièce tout d'une tire, et voyez si, étant jouée par des acteurs intelligents…, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 mal 1767.
  • 2Tire-d'aile, voy. plus bas ce mot à son rang.
  • 3 Terme d'eaux et forêts. Coupe faite à tire et aire, de suite et sans intermission de la vieille vente à la nouvelle, en allant toujours devant soi et ne laissant que les arbres réservés ; locution empruntée à l'ordonnance de 1669 sur les eaux et forêts. …En y laissant les baliveaux destinés au repeuplement ; c'est la coupe à tire aire… la coupe à tire aire est généralement adoptée pour les bois taillis, Dralet, Traité des forêts d'arbres résineux, p. 96. À moins de clauses contraires, les bois seront exploités à tire et aire, et à la cognée, le plus près de terre que faire se pourra, de manière que l'eau ne puisse rester sur les souches, Art. 23 du cahier des charges générales pour la vente des coupes de bois de l'exercice 1845.

    On dit aussi à tire et à aire. (La locution exacte paraît être, comme dans Dralet, à tire aire, c'est-à-dire en tirant l'aire, en faisant comme une aire la surface boisée.)

  • 4 Terme d'argot. Voleur à la tire, celui dont la spécialité est de tirer, dans la foule, ce que contiennent les poches des voisins.
  • 5 Terme de blason. On nomme tires les traits ou les rangées de vair qu'on emploie pour distinguer le beffroi, le vair ou le menu vair. Ils en ont chacun leur nombre.

HISTORIQUE

XIIe s. Les noz [les nôtres] [ils] vont dechassant, nes ont cure d'eslire, Mais ainsi come il sont, les prennent tire et tire. Sax. x.

XIIIe s. La vielle li dist lors belement tire à tire, Berte, XI. Renart s'en fuit, ne volt plus dire ; Parmi le bois trestot à tire, Com cil qui bien sot le travers, Ren. 1864. De cascune tire [condition, race] de gent Qui là seoient ensement, Demanda li rois Agolans. Ki kascuns ert [était], petits u grans, Ph. Mouskes, ms, p. 144, dans LACURNE.

XVe s. Au mieux que puet [peut] se paint et pere, Affinque plus belle en appere, Ses cheveulx joint si tire à tire, Que nulz n'y sçaroit que redire, Deschamps, Poésies mss. f° 455. Qu'ilz s'en allassent belle tire [bien vite], Vigiles de Charles VII, p. 98, dans LACURNE. Vous vous en irez de tire à Romme, et parlerez à Paul Ursin, auquel me recommanderez, Bouciq. III, 20. Gueres ne dure Vaine verdure, Joyeuses flours ; L'esté figure ; L'hiver procure Tire de plours, le Blason des faulces amours, p. 296, dans LACURNE.

XVIe s. Non, une foys, mais par diverses tires, Avoit moqué grand nombre de satyres, Marot, IV, 50. Non qu'ilz feissent ce grand voyage tout d'une tire, mais à plusieurs reprises, Amyot, Marius, 18. Marius, depuis son premier consulat continua les cinq autres de rang tout d'une tire de la faveur de fortune, Amyot, ib. 50. Leur donna la chasse à tire de cheval, Hist. du chev. Bayard, p. 367, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Voy. TIRER ; génev. voilà une bonne pluie, il en faudrait deux jours de tire ; écrire à tire de plume, écrire aussi vite que la plume peut aller ; Berry, il y a de la tire pour monter ce coteau ; tire à tire, à l'instant, tout de suite ; wallon, tîr, engeance, race ; prov. et esp. tira, bande, tire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TIRE. Ajoutez :
6Se dit aussi, en termes forestiers, pour coupe faite à tire et aire. Ces couloirs, appelés incanas dans la langue du pays [Nice], se font de préférence dans la partie de la forêt où l'on peut obtenir une pente relativement modérée et où cependant on ne saurait établir des tires, L. Guiot, Mémoires, Société cent. d'agric. 1874, p. 173.