« taverne », définition dans le dictionnaire Littré

taverne

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

taverne

(ta-vèr-n') s. f.
  • 1Lieu où les gens viennent boire pour de l'argent ; en ce sens, II ne se dit guère qu'avec une idée de mépris ou de débauche. De quelque façon qu'on gouverne, Pourvu que j'aille à la taverne, Il me semble que tout va bien, Mainard, Poésies, dans RICHELET. Il hante la taverne, et souvent il s'enivre, La Fontaine, Fabl. XII, 19. Passer de Mme de la Fayette à Scarron, et aller de Zaïde au Roman comique, c'est aller de la bonne compagnie à la taverne, La Harpe, Cours de litt. t. IX, p. 470, dans POUGENS.
  • 2En Angleterre, lieux où l'on donne à manger à prix d'argent.

    Par extension, il se dit avec ce même sens en France et ailleurs. Je payai mon passage au capitaine, et lui donnai un dîner d'adieu dans une très bonne taverne auprès du port, Chateaubriand, Amér. Voy. en Amérique.

  • 3Ancien terme de marine. Chambre où un officier marinier dans les vaisseaux des XVIe et XVIIe siècles, et le comite dans les galères vendaient des vivres, des boissons et du tabac au gens de l'équipage. Les tavernes furent défendues en 1672. Sa Majesté voulant retrancher les abus qui se commettent sur la plupart de ses vaisseaux de guerre par le moyen des tavernes…, Ordonn. 20 oct. 1672, dans JAL.

SYNONYME

TAVERNE, CABARET. Quand taverne est pris seulement au sens de lieu où l'on va boire, il s'y attache une idée de mépris qui n'est pas dans cabaret ; et, quand il est pris au sens de lieu où l'on donne à boire et à manger, il indique un établissement plus relevé que le cabaret.

HISTORIQUE

XIIIe s. Nul ne voise boire en taverne, se il n'est trespassant, ou tel qu'il n'ait point de meson en la ville, Ordonn. de 1256. Il aloient en la tavierne il dix ou il onze, et despendoient XX ou XXX ou plus ou moins, et mandoient à un prudhome de petit lignage de la vile, auques riche, que il paiast lor despens, Chr. de Rains, 226. Maint ribaus… despendent en la taverne Tout leur gaaing et lor espergne, Puis revont porter les fardiaus, la Rose, 5071. Nous voulons et establissons que touz nos prevos et nos baillifs… se gardent de geu de dez, de taverne…, Joinville, 295.

XIVe s. En la taverne sont faictes les meslées ; en l'eglise sont faictes les paix, Modus, f° LXV, verso. La taverne si est le moustier au deable, où ses disciples vont pour le servir, Ménagier, I, 3.

XVe s. Si aucuns privileges… ont esté donnés… ce n'a point esté fait ne entendu pour faire vente en assiette et taverne, mais simplement en detail, parce que de faire taverne est vil estate et mestier…, Déclar. du roi, 16 août 1498. En taverne pas ne t'hiverne, Car c'est une dangereuse caverne, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 218.

XVIe s. Les daiz qu'on estend sur les tables ne sont permis qu'aux maisons des princes et aux tavernes, Montaigne, I, 387.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. taivarne, tavane ; wallon, tavienn ; provenç. taverna ; espagn. taberna ; ital. taverna ; du lat. taberna, de même radical que tabula (voy. TABLE).