« seuil », définition dans le dictionnaire Littré

seuil

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

seuil

(seull, ll mouillées, et non seu-ye) s. m.
  • 1Pièce de bois ou de pierre qui est au bas de l'ouverture d'une porte et qui la traverse. Vous, dès que cette reine, ivre d'un fol orgueil, De la porte du temple aura passé le seuil…, Racine, Ath. V, 3. Ses enfants l'attendaient, et briguaient sur le seuil Et son premier souris, et son premier coup d'œil, Delille, Pit. I.

    Fig. Je les aime encor mieux qu'une bigote altière, Qui, dans son fol orgueil, aveugle et sans lumière, à peine sur le seuil de la dévotion, Pense atteindre au sommet de la perfection, Boileau, Sat. X.

    Fig. Le seuil de la vie, le commencement de la vie. Et du seuil de la vie enlevés sans retour, Castel, les Plantes, I.

    En un sens contraire, le seuil de la vie, la fin de la vie. Nos amis ne peuvent nous suivre que jusqu'au seuil de la vie, Staël, Corinne, XX, 5.

  • 2Seuil d'écluse, pièce de bois posée en travers de la porte et entre deux poteaux, au fond de l'eau.

    Pièce de bois ou pierre qui reçoit le pont-levis, quand on l'abaisse. On dit aussi chevet.

  • 3Dalle en pierre ou sole en bois sur laquelle repose un vannage.
  • 4Se dit des pièces de bois qui ferment les bateaux, tant à l'avant qu'à l'arrière.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Se li preudons seüst à queil heure li lerres son suel chaveir [creuser] deüst…, Rutebeuf, 137. Qant Primaut le vit, si fu liez [joyeux] ; Soz le soil as mains et as piez Font fosse desoz un degré, Ren. 3084. Jupiter en toute saison A sor le suel de sa maison, Ce dit Omers, deus plains tonneaus, la Rose, 6838. Vinrent quant il fut annuitié, S'ont tant à la paroi luitié Qu'un treu firent desos la sole, Dont l'en peüst traire une mole, Fabl. mss. p. 167, dans LACURNE.

XVIe s. [Couronnes] Que tant de fois, signe d'une main firte, J'allois pendant à l'essueil de ma porte, Ronsard, 959. [Chez les anciens] trois [dieux] à une porte, celuy de l'ais, celui du gond, celuy du seuil, Montaigne, II, 276.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, soû ; bourguig. seuille ; provenç. sol, sulh ; ital. soglio ; du bas-lat. solium, qui vient du lat. solea, semelle, qui a eu aussi le sens de plancher, d'après Festus, et qui, d'après Corssen, Ausspr. 2e éd. I, 485, se rattache à solum, sol, solidus, solide.