« satisfaction », définition dans le dictionnaire Littré

satisfaction

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

satisfaction

(sa-ti-sfak-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Sentiment agréable que nous éprouvons quand les choses sont à notre gré. Il y a des personnes si peu raisonnables, qu'on n'en peut avoir de satisfaction de quelque manière qu'on agisse avec eux, Pascal, Prov. X. Mascaron, Bourdaloue me donnent tour à tour des plaisirs et des satisfactions qui doivent pour le moins me rendre sainte, Sévigné, 23. Avec quelle chaleur s'intéressait-il à leurs satisfactions [de ses amis], ou à leurs peines ? Fléchier, Duc de Mont. Utile sans intérêt, vertueux sans vouloir se faire honneur de sa vertu, il s'acquitta de ses devoirs pour la seule satisfaction de s'en être acquitté, Fléchier, Lamoignon. Des secours continus, des satisfactions réciproques [dans la famille], Diderot, Père de famille, II, 2. En les louant [les anciens] à l'excès sans vouloir trop leur ressembler, il a tout à la fois la satisfaction si douce de médire de son siècle et la prudence si nécessaire de rechercher son suffrage, D'Alembert, Mélanges, t. V, Réflexions sur l'histoire. La réputation est une belle chose ; mais la satisfaction intérieure de soi-même vaut encore mieux, Genlis, Th. d'éd. le Magistrat, II, 4.
  • 2Réparation d'une offense qu'on a faite à quelqu'un. Le rang de l'offensé, la grandeur de l'offense, Demandent des devoirs et des soumissions Qui passent le commun des satisfactions, Corneille, Cid. II, 1. Cela est juste, et c'est l'ordre des procédés : allons, faites satisfaction à monsieur. - G. Dandin : Comment satisfaction ? Molière, G. Dandin, I, 8. Il retenait la noblesse dans l'ordre ; il étouffait les querelles dans leur naissance… compensant les satisfactions avec les injures, Fléchier, Duc de Mont. Il a ajouté qu'une demi-satisfaction était indigne d'un homme de courage, qu'il la fallait complète ou nulle, de peur qu'on ne s'avilît sans rien réparer, Rousseau, Hél. I, 60.

    Donner satisfaction, accepter un duel avec une personne qui se prétend offensée.

  • 3 Terme de dévotion. Ce qu'on est obligé de faire pour réparer les péchés qu'on a commis. Ces satisfactions doivent être proportionnées à la qualité, quantité et grièveté des péchés, Le P. Simon Mars, Myst. du roy. de Dieu, p. 225, dans POUGENS. Quand elle [l'Église] impose aux pécheurs des œuvres pénibles et laborieuses, et qu'ils les subissent avec humilité, cela s'appelle satisfaction, Bossuet, Exp. de la doctr. de l'Égl. 8. Faites sentir aux pécheurs l'horreur du crime qu'ils ont commis, par quelque satisfaction convenable, et tâchez par là de les retenir dans la voie de perdition dans laquelle ils se précipitent, Bossuet, Sermons, Satisfaction, 2.
  • 4Satisfaction par les œuvres, doctrine de ceux qui pensent que les œuvres suffisent à mériter la grâce divine.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais li autre prelat e si dui compaignun… Voleient repairier à satisfactiun, Faire à lur arcevesque e dreiture et raisun, Th. le mart. 132.

XIIIe s. Autant fet satisfacion comme fere gré, Livre de jost. 87. Si vous requerons, sire, que vous commandez à vos baillifs et à vos serjans, que il contreignent les escommeniez an et jour, par quoy ils facent satisfecion à l'Eglise, Joinville, 290.

XVe s. Et Dieux, qui vengence suelt querre Des mauvès, fist les desloyaulx Tous nuz trainer sur les carriaux En satisfaction condigne, Deschamps, Miroir de mariage, p. 149.

XVIe s. Par ci devant on a fait publier des livres traduits d'italien en françois, qui traitent des injures, satisfactions et duels, Lanoue, 255. Comme en matiere de bienfaicts, de mesme, en matiere de mesfaicts, c'est par fois satisfaction que la seule confession, Montaigne, III, 313.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. satisfactio ; espagn. satisfaccion ; ital. satisfazione ; du lat. satisfactionem, de satisfacere, satisfaire.