« sépulture », définition dans le dictionnaire Littré
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sépulture
- 1Action de mettre en terre un mort.
Allons à nos martyrs donner la sépulture
, Corneille, Poly. V, 6.Il parle de lui et de sa sépulture avec une humilité vraiment chrétienne qui plaît et qui touche infiniment
, Sévigné, 483.C'est à ce philosophe [Molière] que l'archevêque de Paris, Harlai, si décrié pour ses mœurs, refusa les vains honneurs de la sépulture
, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Molière.Lorsque le curé de Saint-Sulpice, Languet… refusa la sépulture à Mlle Lecouvreur, qui avait légué mille francs à son église
, Voltaire, Lett. Mlle Clairon, 27 août 1761.J'admirais la sagesse des anciens législateurs qui imprimèrent un caractère de sainteté à la sépulture et aux cérémonies qui l'accompagnent
, Barthélemy, Anach. ch. 8.L'Égypte est le pays qui paraît avoir porté au plus haut point les dépenses de la sépulture de ses rois ; il est remarquable que Pausanias ne cite en Grèce aucun grand monument de sépulture
, Quatremère de Quincy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 417.Fig.
Ne pouvais-je saisir, déchirer le parjure, Donner à ses lambeaux la mer pour sépulture ?
Delille, Énéide, IV.Être privé de sépulture, rester sans sépulture, n'être point mis en terre.
Que de corps entassés ! que de membres épars, Privés de sépulture !
Racine, Esth. I, 5.Être privé des honneurs de la sépulture, ou, simplement, être privé de la sépulture, n'être pas mis en terre avec les cérémonies convenables, usitées.
Aussitôt qu'un homme était mort [en Égypte], on l'amenait en jugement ; l'accusateur public était écouté : s'il prouvait que la conduite du mort eût été mauvaise, on en condamnait la mémoire, et il était privé de la sépulture
, Bossuet, Hist. III, 3.Être privé de la sépulture ecclésiastique, n'être point inhumé en terre sainte.
- 2Il s'est dit quelquefois pour la mort, la fin de la vie.
Vivez, régnez, seigneur, jusqu'à la sépulture, Et laissez faire après ou Rome ou la nature
, Corneille, Nic. II, 3.J'en ai vu [des chrétiens], que le temps prescrit par la nature Était près de pousser dedans la sépulture, Dessus les échafauds presser ce dernier pas, Et d'un jeune courage affronter le trépas
, Rotrou, Saint Genest, II, 7.Reçut une blessure Qui le mit dans la sépulture
, La Fontaine, Fiancée. - 3Droit de sépulture, le droit qu'on a d'être enterré en tel lieu.
Droits de sépulture, ce qui est dû à une église pour l'inhumation d'un mort.
- 4Le lieu où l'on enterre les morts. Saint-Denis est la sépulture des rois de France.
Nous voyons dans l'Écriture que les méchants rois étaient privés de la sépulture de leurs ancêtres
, Bossuet, Hist. III, 3.Parmi ces tombeaux, Des princes de ma race antiques sépultures
, Racine, Phèdre, V, 1.Avant Adrien, les empereurs n'eurent certainement pas d'autre sépulture que celle d'Auguste
, Sainte-Croix, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. II, p. 550.Il se dit quelquefois pour tombeau.
M. le Tellier l'avait bien connu, que cette dignité et cette gloire dont on l'honorait n'était qu'un titre pour la sépulture
, Fléchier, le Tellier.
HISTORIQUE
XIIe s. L'evesques chante la messe hautement… Puis enfoïrent le vasal combatant ; Sa sepouture sevent bien li auquant
, Raoul de Camb. 145.
XIIIe s. Là sus enmi cele costure Me fetes une sepouture Entre ce plain et ce jardin
, Ren. 10094. Et furent ses os gardés en un escrin et enfouis à Saint Denis en France, là où il avoit eslue sa sepulture, ouquel lieu il fut enterré
, Joinville, 303. Après je eslis et voudré avoir ma sepouture en Val nostre Dame
, Du Cange, sepultura.
XIVe s. Homme ne femme de ladite ville et franchise ne y doivent [au cimetière] rien paier de sebolture, mais ce qu'il leur plaira tant seulement
, Du Cange, ib.
XVe s. Qui estoit cestuy qui est gisant Sous ceste froide sepulture ? Un riche avare qui, vivant, ne buvoit que l'eau toute pure
, Basselin, LVII. N'y est memoire d'eulx [des Français en Sicile] que pour les sepultures de leurs predecesseurs
, Commines, VI, 3.
XVIe s. Platon, en ses Lois, ordonne sepulture ignominieuse à celuy qui a privé son plus proche et plus amy, sçavoir est soy mesme, de la vie et du cours des destinées
, Montaigne, II, 28.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. sepultura, sebultura ; espagn. sepultura ; ital. sepoltura ; du lat. sepultura, de sepultum, supin de sepelire.