« normand », définition dans le dictionnaire Littré

normand

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

normand, ande

(nor-man, man-d') adj.
  • 1Qui est de Normandie, province occidentale de la France. Les populations normandes. Cheval normand. Certain renard gascon, d'autres disent normand, Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille Des raisins mûrs apparemment, La Fontaine, Fabl. III, 11.

    Cheval normand, race de chevaux estimés.

    Fig. Qui est rusé et auquel on ne peut se fier. Le plus normand de tous les hommes Jure qu'il ne veut plus vous voir, Fontenelle, Poés. div. Œuv. t. x, p. 395, dans POUGENS.

    Réponse normande, réponse ambiguë. Que cela peut être vrai, et peut être faux ; la réponse est un peu normande, Hauteroche, le Cocher, sc. 23. [Les oracles] Et sans crainte rendant leurs réponses normandes, Boileau, Sat. XI.

    Réconciliation normande, réconciliation simulée.

    Adroit comme un prêtre normand, maladroit, gauche, locution dite de saint Gaucher, prêtre de Normandie, dont on fait mémoire dans le bréviaire de Rouen ; elle porte sur l'équivoque du mot gaucher.

    Rime normande, rime dans laquelle se trouve un infinitif en er, rimant avec air, Jupiter, fer, etc.

  • 2 S. m. et f. Un Normand. Une Normande. Soutenons bien nos droits, sot est celui qui donne ; C'est ainsi devers Caen que tout Normand raisonne, Boileau, Épît. II.

    Fig. C'est un Normand, c'est un fin Normand, c'est un homme adroit et à qui il ne faut pas se fier. Pour attirer plus de monde à lui et faire un trait de Normand, il [Saint-Hélène, un des rapporteurs dans le procès de Foucquet] dit qu'il fallait croire que le roi donnerait grâce, que c'était lui seul qui le pouvait faire, Sévigné, 17 déc. 1664. Discours de Normand que tout cela, Marivaux, Surprise de l'amour, III, 4.

    Répondre en Normand, ne répondre ni oui ni non. Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère ; Et tâchez quelquefois de répondre en Normand, La Fontaine, Fabl. VII, 7.

    Un Normand a son dit et son dédit, proverbe qui vient de l'ancienne coutume de Normandie par laquelle un contrat n'était valable que vingt-quatre heures après la signature. Le Normand tourne autour du bâton, le Gascon saute par dessus, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 610.

    Quatre-vingt-dix-neuf pigeons et un Normand font cent voleurs.

  • 3 S. m. Sorte de monnaie ancienne. Il fallait un normand et demi pour faire un mansais ou manceau.

    Un Normand et demi pour dire un Manceau, par allusion à cette valeur relative des deux monnaies. Le Normand et demi [un chapon du Mans] laissait les gens crier, La Fontaine, Fabl. VIII, 21.

HISTORIQUE

XIIe s. Man en engleiz et en noreiz Senefie home en franceis ; Justez ensemle north et man ; Ensemle dites donc normanth ; Ço est hom de north en roman, Rou, v. 106.

XVe s. Boire à chascunh comme font les Normans, Ce fait adonc fievre et mal concepvoir, Deschamps, Poés. mss. f° 325.

XVIe s. Gars normand, fille champenoise, Dans la maison toujours noise, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 369. Rousseau François, noir Anglois, blanc Italien, ce sont trois, Et le Normand de tout age, à qui ne se fie le sage, Leroux de Lincy, ib. p. 370. Si le Normand n'exerce la pyratique en mer, il l'exerce en terre, Leroux de Lincy, ib. p. 371. Et croy que pour cette mesme raison le simple peuple ait esté induit de dire au desavantage des Normands : qui fit normand, il fit truand, parce que sur tous les peuples de la France ceux-cy ont esté chargez de truz et imposts, Pasquier, Rech. VIII, p. 718, dans LACURNE. (mais truand ne vient pas de tru ou treu, impôt ; l'explication est fausse)

ÉTYMOLOGIE

Angl. north, nord, et man, homme.