« noise », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
noise
- Discorde accompagnée de bruit.
Impudents boute-feux de noise et de querelle
, Malherbe, V, 23.Ceux qui se trouvèrent assez loin pour n'être point obligés à se battre, n'estimèrent pas qu'il fût à propos de venir chercher noise, et, sans tirer l'épée, s'en retournèrent de bonne heure en leurs maisons
, Malherbe, Le XXXIIIe livre de T. Live, ch. 19.Destin prêta l'oreille quelque temps ; mais le bruit et la noise, au lieu de cesser, augmentèrent
, Scarron, Rom. com. I, 12.Sur le que si, que non, tous deux [chat et renard] étant ainsi, Une meute apaisa la noise
, La Fontaine, Fabl. IX, 14.Parmi certains coqs incivils, peu galants, Toujours en noise et turbulents, Une perdrix était nourrie
, La Fontaine, ib. X, 8.Les si, les car, les contrats sont la porte Par où la noise entra dans l'univers : N'espérons pas que jamais elle en sorte
, La Fontaine, Belph.Nous prendrons la Flandre ; et, quand nous aurons commencé la noise, nous ne l'apaiserons peut-être pas aisément
, Sévigné, 22 janv. 1672.Phénix dans le pays des noises, des castilles [Falaise], Où l'on vous constitue arbitre des familles
, Dufrény, Réconcil. norm. I, 8.Je doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris ; il apaise toutes les noises en temporisant
, Voltaire, Lett. Damilaville, 22 déc. 1766.Chercher noise à quelqu'un, commencer une querelle avec lui.
Il [un sanglier] passait son chemin, et il était bon de ne lui rien dire, de ne point chercher de noise avec lui
, Molière, les Am. magn. V, 1.
SYNONYME
NOISE, QUERELLE. Noise est un mot qui tend à sortir de l'usage général, de sorte qu'il est surtout employé dans certaines locutions : chercher noise, être en noise. Cela le différencie de querelle. Ainsi on ne dit pas : il y a une noise dans la rue ; mais : il y a une querelle. De plus noise est plus voisin de discorde que n'en est querelle. Enfin il y a sous noise une idée de bruit qui n'est pas dans querelle ; ainsi on ne dit pas une noise littéraire, mais une querelle littéraire.
HISTORIQUE
XIe s. Seignor, que faites ? ço dist li apostolie, Que valt cist crit, cist dol en ceste noise ?
St-Alexis, CI. Granz est la noise, si l'oïrent Franceis
, Ch. de Rol. LXXVII. Grant est la noise de mont joie escner
, ib. CLVIII.
XIIIe s. Là ot si grant bruit et si grant noise qu'il sembloit vraiement que toute terre tremblast
, Villehardouin, XVII. Li rossignos lores s'efforce De chanter et de faire noise
, la Rose, 75. Par petis tuiaus… S'en aloit l'iaue aval, fesant Une noise douce et plesant
, ib. 1398. Dès or comencerai l'estoire Et de la noise et del content
, Ren. 19. Il [le feu grégeois] fesoit tele noise au venir, que il sembloit que ce feust la foudre du ciel
, Joinville, 222.
XVe s. Là fit-on un ban de par la bonne ville de Gand… que chascun… se desarmast et ne fist noise ni hutin, sur la teste à perdre
, Froissart, II, II, 56. Les ditz privileges ne leur servoient que de noyse avec leur prince
, Commines, V, 16.
XVIe s. Ils nous objectent les anciens peres, par l'authorité desquels, si la noise estoit à demesler entre nous, la meilleure partie de la victoire viendroit à nostre part
, Calvin, Instit. Dédic. Ilz ont emply par noyses et debatz, le ciel de bruit, et la terre de paz
, Rabelais, Garg. I, 58. Chercher noise pour noisettes
, Cotgrave † Qui femme a noise a
, Cotgrave † De petite chose vient souvent grande noise
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 286.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. nosa, noysa, nausa, nauza ; anc. catal. et anc. espagn. noxa ; angl. (tiré du français) noise, bruit. Origine incertaine. Historiquement, la série des sens est bruit, puis querelle. Quant à la forme, le mot s'écrit par o et par au. Aucun mot latin ne satisfait à ces deux conditions. Diez, ne considérant que le sens de fâcherie, querelle, le tire du latin nausea, nausée ; cela est bon pour l'orthographe ; mais le sens de bruit ? Raynouard a proposé noxia, méfait, délit ; ce sens est assez voisin de querelle et de bruit, et la forme noise répond assez bien à noxia, pour qu'on puisse accepter cette étymologie, regardant, en provençal, au comme une variante de o, qui ici prédomine.