« menton », définition dans le dictionnaire Littré
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menton
- 1Partie inférieure et moyenne de la face située au-dessous de la lèvre inférieure, et qui, bien apparente chez l'homme, diminue chez le singe, et disparaît à peu près complétement chez les animaux à museau allongé.
On m'a dit autrefois que j'avais un peu trop de menton : je viens de me regarder dans le miroir, pour savoir ce qui en est ; et je ne sais pas trop bien qu'en juger
, La Rochefoucauld, Portr.Joab dit donc à Amasa : bonjour, mon frère ; et il prit de sa main droite le menton d'Amasa pour le baiser
, Sacy, Bible, Rois, II, XX, 9.Son menton nourrissait une barbe touffue
, La Fontaine, Fabl. XI, 7.Les hommes en ces lieux ont tous barbe au menton
, La Fontaine, Fianc.…Mais je vois, sur ce début de prône, Que ta bouche déjà s'ouvre large d'une aune, Et que, les yeux fermés, tu baisses le menton
, Boileau, Épître X.Prendre le menton à une jeune fille, la prendre par le menton, caresse familière.
Fig. et familièrement. Avoir deux mentons, double menton, triple menton, se dit d'une personne replète qui a le dessous du menton fort gras.
Je vois, malgré tes soins, Que ton triple menton, l'honneur de ton chapitre, Aura bientôt deux étages de moins
, Voltaire, Épître VI.On dit de même : avoir un menton à double, à triple étage.
Son menton sur son sein descend à double étage
, Boileau, Lutr. I.On dit d'une femme très avancée dans sa grossesse, qu'elle est grosse jusqu'au menton.
Vous êtes grosse jusqu'au menton
, Sévigné, 18 oct. 1671.Familièrement. Être assis à table jusqu'au menton, y être assis fort bas.
Enfoncer jusqu'au menton, enfoncer dans quelque chose de liquide, de mou, jusqu'à ce que le menton soit atteint.
Fig. Jusqu'au menton, à satiété. En avoir jusqu'au menton.
Tous les enfants de la maison à la table jusqu'au menton
, Sévigné, 1er avr. 1689.Branler le menton, remuer le menton en mangeant.
Au reste, une chose étrange, Le prince Bourbon Tout comme nous, quand il mange, Branle le menton
, La Monnoye, Noëls.Fig. Branler le menton, manger.
Oh ! tu seras ainsi tenu pour un poltron. - Soit, pourvu que toujours je branle le menton
, Molière, Dép. amour. V, 1.Fig. Lever le menton, s'en faire accroire, faire le résolu.
Pourquoi faire tant de menaces, Et lever si haut le menton ?
Sarrazin, Poésies, dans LEROUX, Dict. comique. - 2 Terme d'anatomie. Houppe du menton, voy. HOUPPE.
- 3Se dit aussi du dessous de la mâchoire inférieure dans certains animaux. Le menton d'un cheval, d'une chèvre.
HISTORIQUE
XIe s. Puis se baiserent es viz [visage] et es mentons
, Ch. de Rol. XLVII.
XIIe s. Quant l'entent l'empereres, si baisse le menton
, Sax. XI. Dunc jurerent sur sainz e entreafié sunt, Qu'en tuz les liuz del siecle ù trover le purrunt, Par desouz le mentun la langue lui trarrunt
, Th. le mart. 135.
XVe s. Et lui avoit on fait un menton d'argent qui lui tenoit à un cordelet de soie par à l'entour de sa teste
, Froissart, III, IV, 50. Lyonnel, qui estoit homme de grant courage, leve le menton, puis print la parolle, et dist…
, Perceforest, t. IV, f° 25. Celle qui est la fleur de toute beaulté, qui en toutes mes emprinses me soustient tellement le menton, que je ne puis perir
, ib. t. III, f° 111.
XVIe s. Ce sous-prieur à quatre mentons commença par…
, D'Aubigné, Conf. I, 8. Celuy peut hardiment nager, à qui on soustient le menton
, Cotgrave † La vertu ne fut jamais à menton blanc
, Cotgrave †
ÉTYMOLOGIE
Provenç. menton, mento ; du lat. fictif mento, mentonis, dérivé du latin mentum, menton. L'italien mento vient directement de mentum. Pott, par conjecture, rattache mentum à la racine men, d'e-minere ; ce serait la proéminence.