« larcin », définition dans le dictionnaire Littré

larcin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

larcin

(lar-sin) s. m.
  • 1Action de dérober, de prendre furtivement, sans violence, une chose appartenant à autrui. Le larcin, l'inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses, Pascal, Pensées, III, 9, éd. HAVET. Et les leçons du P. Bauny pour le larcin, qui portèrent Jean d'Alba à le pratiquer contre vous-mêmes…, Pascal, Prov. X. On n'entend parler chez eux ni de larcins ni de meurtres : étant presque sans passion, ils sont sans injustice, Voltaire, Russie, I, 1.

    Par extension. Et les larcins publics appelés grands exploits, Voltaire, Olymp. II, 2.

    Fig. Allez donc ; ce qu'ici vous perdez de moments Sont autant de larcins à vos contentements, Corneille, Rodog. IV, 3. Chacun peut à son choix disposer de son âme ; La vôtre était à vous ; j'espérais ; mais enfin Vous l'avez pu donner sans me faire un larcin, Racine, Andr. III, 2. Et votre heureux larcin [l'action de dérober un enfant au meurtre] ne se peut plus celer, Racine, Athal. I, 2.

  • 2L'objet dérobé. Les pies cachent leurs larcins soigneusement.
  • 3Plagiat. Les plus beaux endroits de son livre sont des larcins. C'est surtout en poésie qu'on se permet souvent le plagiat, et c'est assurément, de tous les larcins, le moins dangereux pour la société, Voltaire, Dict. phil. Plagiat.

    Fig. et poétiquement. Un doux larcin, un baiser dérobé à une femme.

HISTORIQUE

XIe s. Si home apeled altre de larcin, Lois de Guill. 16.

XIIe s. Et moult se partirent à larrecin [furtivement] des herberges, Machab. I, 9.

XIIIe s. Voirs est quant li sacrilieges est tix [tel] qu'il n'i a larrecin ne mort d'homme, l'amende du meffet est au prelat, Beaumanoir, XI, 15.

XIVe s. Comment poés au mont [pouvez-vous au monde] souffrir tel larechin Que Gaufrois nous a fait, li cuivers de put lin [lignage] ? Baud. de Seb. VII, 220.

XVe s. Ni nul n'osoit aller en Gand, fors en larrecin [à la dérobée], ni mener vivres, Froissart, II, II, 124.

XVIe s. Il [Panurge] avoit soixante et trois manieres d'en trouver [de l'argent] toujours à son besoing ; dont la plus honorable et la plus commune estoit par façon de larrecin furtivement fait, Rabelais, Pant. II, 16. Les larrons s'entrebatent, et les larcins se descouvrent, Cotgrave …Tu aurois peu apprendre Que les larcins d'amour veulent estre cachez, Desportes, Diverses amours, Contre une nuict trop claire. Un simple garsonnet de Lacedemone ayant dérobé un regnard (car ils craignoient encores plus la honte de leur sottise au larrecin que nous ne craignons sa peine) …, Montaigne, I, 306.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. layronici ; catal. lladronici ; espagn. ladrocinio ; ital. latrocinio ; du lat. latrocinium, de latro, larron (voy. ce mot).