« joyau », définition dans le dictionnaire Littré

joyau

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

joyau

(jo-iô ; plusieurs disent joi-iô) s. m.
  • 1Ornement précieux d'or, d'argent, de pierreries, etc. Recevez, s'il vous plaît, quelques rares joyaux, Mairet, Solim. V, 4. Elle abandonne, pour avoir des armes et des munitions, non-seulement ses joyaux, mais encore le soin de sa vie, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Fig. Prince, voilà les trésors de l'Église, les joyaux, les vases précieux, les couronnes d'or de Jésus-Christ [dit Marcellin en montrant les pauvres à Dioclétien], Chateaubriand, Mart. XI. La France a des palais, des tombeaux, des portiques, De vieux châteaux, tout pleins de bannières antiques, Héroïques joyaux, conquis dans les dangers, Hugo, Odes, II, 8.

    En jurisprudence, bagues et joyaux, les pierreries, perles, chaînes et parures de métaux précieux et autres semblables objets de prix qui appartiennent à une mariée, et que son contrat de mariage lui donne le droit de reprendre après la mort de son mari. Allouer tant à une veuve pour ses bagues et joyaux.

    Les joyaux de la couronne, les joyaux qui appartiennent à la couronne.

SYNONYME

BIJOU, JOYAU. Les joyaux sont plus beaux, plus riches, plus précieux ; les bijoux sont plus jolis, plus agréables, plus curieux. Dans la comparaison on voit le joyau plus en grand, et le bijou plus en petit ; on dit les joyaux de la couronne, une femme porte des bijoux. Le bijou est toujours un ouvrage travaillé ; le joyau n'est quelquefois que la matière brute. Ainsi la joaillerie se distingue de la bijouterie, en ce qu'elle comprend dans son négoce les pierreries qui ne sont pas taillées ou montées, Girard.

HISTORIQUE

XIIIe s. De joiaus, de richesses trestout Paris resplent, Berte, X. Car en dame haïe [il y] a mout vilain jouel, ib. LXXXV. Si c'est coze [chose] qui soit de tel nature qu'ele ne se pot depecier ne departir, si come un ceval ou un jouel d'or ou d'argent, Beaumanoir, XXIV, 29.

XIVe s. À Jehan du Vivier orfevre pour avoir rappareillié un petit jouel d'or, fermant à charnieres, ouquel a dedens le sepulcre de Nostre Dame d'un costé et de l'autre costé l'image de Nostre Dame tenant son enfant, De Laborde, Émaux, p. 351. Et à l'autre [bout de la lice] estoit celluy qui tenoit le joiau pour le mieux courant, Oresme, Eth. II.

XVe s. Si se douta à perdre si riche joiel que le bassinet du roi, qui estoit estimé à tant de florins, Froissart, II, III, 21. Le duc a un garde de joyaux et son aide, et est iceluy garde des joyaux fort privé du prince, car il a en ses mains un million d'or vaillant et sert à garder les deniers de l'espargne du prince, tous joyaux d'or et pierreries dont le duc est riche, De Laborde, Émaux, p. 352.

XVIe s. Par les joyaux s'entendent aiguyeres, anneaux, chaisnes, saintures, et toutes autres choses d'or ou d'argent non monnoyé, baillez et donnez à la femme pour parement de sa personne, Coustum. génér. t. II, p. 691.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. joyel, joell ; catal. joyell ; espagn. joyel ; ital. gioiello ; bas-latin, jocales, jocalia. D'après Diez, suivi par Scheler, le bas-latin jocales est dû à une fausse étymologie ; joyau doit être rapporté à un latin fictif gaudiale, de gaudium, joie. Il est certain que gaudium, ayant donné joie, en italien gioia, a pu donner joyau ; mais on a de la peine à rejeter aussi péremptoirement jocales, jocalia, fourni par d'anciens textes ; puis il faut remarquer que, si gaudium était l'origine, on trouverait comme formes accessoires goiau, comme on trouve goie et goïr à côté de joie et jouir ; enfin jocalis a pu donner joiel, comme vocalis, voyelle. Tout cela incline donc à conserver l'ancienne étymologie et à voir dans joyau un dérivé de jocari par jocalis (voy. JEU).