« gare », définition dans le dictionnaire Littré
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gare [1]
- 1 Terme familier. Il s'emploie lorsqu'on avertit de se ranger, de faire place, d'éviter quelque chose qui est lancé, qui tombe.
Il faut que je voie, que je m'informe, que je coure chez le notaire ; gare que je passe
, Picard, Marionnettes, v, 9.Gare devant, se dit pour avertir quelqu'un qui est devant nous de se détourner.
Gare, se dit aussi pour avertir de prendre garde.
Gare, gare, gare ; voici quelqu'un qui vient interrompre la conversation
, Dancourt, l'Opérateur, sc. 11.En termes de chasse, celui qui entend le cerf bondir de la reposée doit crier gare.
- 2Frapper sans dire gare, frapper sans avoir menacé.
Et qui frappe sans dire gare
, Scarron, Virg. I.…sans leur dire gare, elle [la mort] abat les humains
, Molière, l'Ét. II, 4.À qui en a-t-il donc de vous rosser comme cela sans dire gare ?
Dancourt, Tuteur, sc. 9.Sans dire gare, signifie aussi sans avertir.
J'entre sans dire gare et cherche à m'informer Où demeure un monsieur que je ne puis nommer
, Boursault, Merc. gal. IV, 6. - 3Gare, exprime aussi qu'on appréhende pour soi ou pour les autres certaines choses fâcheuses.
Vous devez marcher droit pour n'être pas berné ; Et, s'il faut que sur vous on ait la moindre prise, Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise
, Molière, Éc. des f. I, 1.Sinon, gare l'instant de la conclusion
, Destouches, Phil. marié, I, 4.Mon vieux tronc a porté quelques fruits cette année… les sots et les fanatiques auront bon temps cet automne et l'hiver prochain ; mais gare le printemps
, Voltaire, Lett. d'Argental, 28 août 1760.La petite diatribe que je vous envoie a été fort applaudie à la représentation ; mais gare la lecture
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 24 janv. 1778. - 4Gare le pot au noir, s'est dit autrefois, au jeu de colin-maillard, pour exprimer ce qu'on dit aujourd'hui casse-cou.
HISTORIQUE
XVIe s. Nous sommes tous morts à ce coup ; guare ! voy le ci
, Rabelais, Pant. IV, 33. Si elle [la fortune] continue, elle m'en envoyera très content et satisfait ; mais gare le heurt
, Montaigne, IV, 142.
ÉTYMOLOGIE
Impératif du verbe garer ; bourguig. gaire.