« gageure », définition dans le dictionnaire Littré

gageure

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gageure

(ga-ju-r') s. f.
  • 1Promesse de payer telle ou telle somme, de donner tel ou tel objet, stipulée par des personnes qui ont fait un pari. On a fait souvent des gageures sur la grossesse des reines, Guez de Balzac, liv. VII, lett. 7. Ils veulent soutenir, au dédit de ce que l'on voudra, que c'est une chose impossible [que les bêtes n'aient point de pensée]… ce n'est point la coutume d'en venir aux gageures que lorsque les preuves nous manquent, Descartes, Rép. aux 6es object. 5. Juge-nous un peu sur une gageure que nous avons faite, Molière, l'Impromptu, 3. Si j'avais fait cette gageure, j'aurais perdu mon argent, Sévigné, 61. Ces petites cailles ont cela de commun avec celles de nos climats qu'elles se battent à outrance les unes contre les autres, surtout les mâles, et que les Chinois font, à cette occasion, des gageures considérables, Buffon, Ois. t. IV, p. 283, dans POUGENS. Revenons à notre gageure ; vous voudriez, je crois, me la faire oublier, Sedaine, Gageure imprévue, sc. 22.

    Faire gageure, avancer une chose, en offrant de la soutenir par une gageure. Je fais gageure Qu'il n'est mortel…, La Fontaine, Joc. Ils avaient fait gageure à qui des deux aurait plus de bonheur [à la pêche], La Fontaine, Cal.

    Soutenir la gageure, accepter la gageure qui est proposée ; et fig. persévérer dans une entreprise. Quelle gageure elles se sont engagées à soutenir ! Sévigné, 371. Personne ne voudra soutenir une si mauvaise gageure, Sévigné, 472.

    Cela ressemble à une gageure, se dit d'une action étrange et dont on ne conçoit pas le motif.

  • 2La chose gagée elle-même. Payer une gageure.

    PROVERBE

    Gager sa tête à couper, c'est la gageure d'un fou.

HISTORIQUE

XIVe s. Et avecques iceulx [il] a fait plusieurs gaigeures de paier le disner…, Ménagier, I, 6.

XVe s. Tout autour les pins avoit dames et chevaliers armez et desarmez ; si dançoient les aucuns, les heaumes lacez, aussi comme se ce fust gageure [gage de bataille], Lancelot du Lac, t. II, f° 89, dans LACURNE. Vous avez perdu la gageure, Louis XI, Nouv. XXVII.

XVIe s. Il feit une gageure à l'encontre de l'orateur Hortensius, qu'il…, Amyot, Lucullus, 2. Rendre les terres labourables, en l'estat qu'elles estoient lors de la gageure du rachapt [offre réelle de racheter], Coust. gén. t. II, p. 549. Il seroit utile qu'on passast par gageure la decision de nos disputes ; qu'il y eust une marque materielle de nos pertes, afin que nous en teinssions estat ; et que mon valet me peust dire : il vous cousta l'année passée cent escus, à vingt fois, d'avoir esté ignorant et opiniastre, Montaigne, IV, 37.

ÉTYMOLOGIE

Gager ; wallon, wageur.