« faix », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
faix
- 1Charge sous laquelle on plie.
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
, La Fontaine, Fabl. I, 16.Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade
, La Fontaine, ib. VI, 16.Par extension, charge.
Ton aiguille à mes doigts est un faix bien léger
, Rotrou, Herc. mour. I, 4.Terme d'eaux et forêts. Faix à col, délit de celui qui est saisi chargé du bois qu'il a dérobé.
- 2 Fig.
Si faut-il qu'à la fin… Je m'allége du faix dont je suis accablé
, Malherbe, IV, 4.Succombant sous le faix que j'ai dessus le cœur
, Régnier, Sat. VI.Porter tout seul le faix de ce plaisir commun
, Régnier, Épît. II.Il ne peut porter tout seul le faix de tant de grandes affaires
, Patru, Plaidoyer 6, dans RICHELET.Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe ?
Corneille, Pomp. I, 1.Faire honte à ces rois que le travail étonne, Et qui sont accablés du faix de leur couronne
, Boileau, Disc. au roi.Mais, pour comble, à la fin, le marquis en prison Sous le faix des procès vit tomber sa maison
, Boileau, Sat. v.Des guerriers illustres courbés sous le faix des lauriers
, Rousseau, Écon. 2.Absolument. Succomber sous le faix, plier sous le faix, ne pas pouvoir supporter quelque chose qui accable.
Je vous vois succomber sous le faix
, Sévigné, 347.Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent les histoires ; ils parcourent tous les livres et ne profitent d'aucun… ils plient sous le faix, leur mémoire en est accablée, pendant que leur esprit demeure vide
, La Bruyère, XIII.Poétiquement. Le faix des ans, des années.
Mon corps n'est point courbé sous le faix des années
, Boileau, Sat. I.Malgré le faix des ans et du sort qui m'opprime
, Racine, Mithr. II, 3. - 3 Terme de construction. Se dit en parlant d'un bâtiment qui s'est affaissé comme il doit faire. Ce bâtiment a pris son faix.
- 4 Terme de marine. Faix de pont, planches épaisses et étroites, posées sur les baux d'un pont, dans la longueur d'un vaisseau, depuis l'avant jusqu'à l'arrière.
- 5Bloc cubique d'ardoise destiné à être fendu.
- 6Mesure de houille, employée à Saint-Étienne.
SYNONYME
CHARGE, FAIX, FARDEAU. La charge est ce qu'un homme ou un animal peuvent porter ; elle n'exprime rien de plus. Le fardeau est une charge pesante. Le faix, signifiant étymologiquement un faisceau, exprime proprement une multiplicité de choses réunies : le faix des années, des affaires, etc. mais ce sens étymologique a disparu par le frottement de l'usage ; et la distinction est que fardeau est de tous les styles, et que faix est plus particulièrement du style élevé.
HISTORIQUE
XIe s. Greignor [plus grand] fais [il] porte par joc [jeu] quand il s'enveise [s'amuse]
, Ch. de Rol. LXXVI.
XIIe s. Quant li baron l'entendent, chascuns s'est arrier trais, Tout ainsi com li asnes qui regarde le fais
, Sax. X. Li clers porte sun merc en sum le chief adès, Ne li est pas al cors mais est à l'aneme [àme] fais
, Th. le mart. 30. E mult li seit bon gré que si grant fais emprent, Qu'encontre rei de terre saint iglise defent
, ib. 58. Se ele [la pensée]. lo faihs des terriens penseirs ki l'apresset, gettet en sus de soi
, Job, p. 467.
XIIIe s. Et tous fussent mort, se ne fust la chevalerie qui estoit en l'arriere garde, qui soustint le fais des Sarrasins qui moult les arguoient
, Chr. de Rains, 93. J'en prens sor moi trestout le fès
, la Rose, 19740. Or ai tant fet que ne puis mès ; Si me covient tenir en pes ; Diex doinst que ce ne soit trop tart ; Toz jors ai acreü mon fès
, Rutebeuf, 38. Mon cheval s'agenoilla pour le fez que il senti, et je en alai outre parmi les oreilles du cheval
, Joinville, 225.
XIVe s. Quant un homme porte un pesant faez et aucuns autres le soulegent en prenant une partie de tels faez
, Oresme, Eth. 289.
XVe s. [Des engins], qui nuit et jour jetoient pierres de faix au chastel
, Froissart, I, I, 227. Si tost qu'ils virent leurs ennemis, ils reculerent tout à un faix si desordonnéement…
, Froissart, I, I, 286. Il mist tant de choses en ymagination et si grandes qu'il demeura soubz le faix
, Commines, IV, 1.
XVIe s. Les Turcs, prests à se retirer, s'aviserent que ce faix d'eau avoit rendu inutile l'arquebuserie et l'artillerie des chrestiens
, D'Aubigné, Hist. II, 199. À haute montée le faix encombre
, Cotgrave †
ÉTYMOLOGIE
Provenç. fais ; espagn. haz ; portug. feixe ; ital. fascio ; du latin fascis, faisceau.