« exquis », définition dans le dictionnaire Littré

exquis

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

exquis, ise

(èk-skî, skî-z') adj.
  • 1Qui a quelque chose de recherché et d'excellent. Un mets exquis. Un repas simple, mais exquis pour le goût et pour la propreté, Fénelon, Tél. I. Mille bonbons, mille exquises douceurs Chargeaient toujours les poches de nos sœurs, Gresset, Vert-Vert, I.
  • 2Il se dit de choses de prix. Faute d'un plus exquis, et comme par bravade, Ceci servira donc de mouchoir de parade, Corneille, la Suiv. II, 5. La maison de la ville et les meubles exquis, La Fontaine, Fabl. II, 20.

    Fig. Un travail exquis. Et plus le bien qu'on quitte est noble, grand, exquis, Corneille, Cinna, II, 1. Tous les discours sont des sottises, Partant d'un homme sans éclat ; Ce seraient paroles exquises Si c'était un grand qui parlât, Molière, Amph. II, 1.

  • 3Qui est d'une excellence où se fait sentir la délicatesse, en parlant des qualités de l'esprit, du cœur. Avoir un jugement, un goût exquis. Ma langue est impuissante, et je voudrais avoir Celles de tous les gens du plus exquis savoir, Molière, l'Ét. II, 14. Du nom de fierté noble on orna l'impudence, Et la fourbe passa pour exquise prudence, Boileau, Sat. XI.

    Il se dit quelquefois des personnes. Même beauté, tant soit exquise, Rassasie et soûle à la fin, La Fontaine, Pâté. La philosophie et les lois faisaient de beaux effets dans des naturels si exquis, Bossuet, Hist. III, 5. …Sachez que je faufile Avec ducs, archiducs, princes, seigneurs, marquis, Et tout ce que la cour offre de plus exquis, Regnard, le Joueur, III, 11.

  • 4Supplice exquis, supplice recherché, rendu le plus douloureux qu'il est possible. Les rois, comme ministres de Dieu qui en exercent l'empire, sont avec raison menacés, pour une infidélité particulière, d'une justice plus rigoureuse et de supplices plus exquis…, Bossuet, Polit. X, VI, 3.
  • 5 Terme de médecine. Fièvre réglée exquise, fièvre dont les accès sont parfaitement réguliers.
  • 6 S. m. Ce qui est exquis. Un goût du beau et de l'exquis répandu partout et qui se fortifiait sans cesse, Fontenelle, Abbé Gallois.

REMARQUE

Quoique plus exquis et très exquis ne soient pas très usités, on voit par l'exemple de Bossuet qu'on peut se servir à propos des degrés de comparaison.

HISTORIQUE

XIIe s. Ainsi est or [présentement] l'amors trovée, Et mix [mieux] esquise et mix provée, Gautier D'Arras, Ille et Galeron, f° 505, recto, 1re col.

XIIIe s. Granz sunt les uevres de nostre Seigneur, esquises en toutes ses volentez, Psautier, f° 138.

XVIe s. Cette beauté tant exquise, Marguerite de Navarre, Nouv. x. Croesus avoit sur luy tout ce qu'il estoit possible d'avoir de plus exquis, plus singulier et plus admirable au monde, Amyot, Solon, 56. Il estoit exquis et diligent au soing de sa personne, jusques à user de frottemens et de tours de promenemens en nombre certain, Amyot, Cicéron, 10. Les mammelles reçoivent nerfs des intercostaux, à cause de quoy elles ont sentiment fort exquis, Paré, II, 3. Les fievres tierces exquises cessent pour le plus au septieme accès, Paré, XX, 20.

ÉTYMOLOGIE

Lat. exquisitus, recherché, exquis, de ex, et quærere, chercher (voy. QUERIR).