« exhausser », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
exhausser
- 1Élever à une grande hauteur.
Jadis en Grèce on en posa Le fondement ferme et durable, Puis jusqu'au ciel on exhaussa Le faîte de ce temple aimable
, Voltaire, Temple du goût.Fig.
Les titres dont les hommes tâchent d'exhausser leur bassesse
, Massillon, Avent. Jugem.À prix d'argent il eût exhaussé sa bassesse par l'éclat des dignités
, Massillon, Car. Riche. - 2Donner plus de hauteur à ce qui a déjà une certaine hauteur. Exhausser un mur.
Une grande taille ne cherche point à se rehausser en exhaussant sa chaussure
, Bossuet, dans LAFAYE, Synony. p. 729. - 3S'exhausser, v. réfl. Devenir plus haut. Ces constructions s'exhaussent à vue d'œil.
SYNONYME
HAUSSER, EXHAUSSER, REHAUSSER. Hausser ne marque rien de plus que de porter ou faire monter plus haut. Exhausser c'est hausser considérablement ; c'est aussi donner plus de hauteur à ce qui a déjà une certaine hauteur : en ce dernier sens il est synonyme de hausser : on hausse ou on exhausse un mur ; mais on voit la plus grande généralité de hausser, si l'on remarque qu'on dit hausser la main et non l'exhausser. Rehausser, c'est hausser de nouveau, hausser ce qui a baissé.
HISTORIQUE
XIIe s. Car pour sa loi esauchier combaton [nous combattons]
, Ronc. p. 71. De vasselage [vaillance] essauciez et prisez
, ib. p. 80. De grant outrage faire nuls homme mouteplie [prospère] ; Ainz se monte et essauce qui son cuer humilie
, Sax. XXXII. Quant vit que il n'aura l'amur al rei Henri, Az piez lui est chaü [tombé] ; si lui cria merci ; Fait l'a e eshaucié [élevé en dignité, en richesse], ço conut e gehi [avoua]
, Th. le mart. 33. Mis quers [mon cœur] est esleezciez [rendu joyeux], e mis fiz [mon fils] en Deu eshalciez
, Rois, p. 6.
XIIIe s. Bien fust la crestienté essaucie, non mie abaissie
, Villehardouin, XXXIV. Et se tant se cuide essaucier Qu'il la prengne [sa femme] riche forment [très riche]
, la Rose, 8620. Or avint, si comme il plot à Nostre Seignor, que sainte Eglise essauça et crut de jor en jor…
, Latini, Trés. p. 83.
XVe s. Pour exaulcer son nom
, Froissart, II, II, 11. Ni les seigneurs pour exaulcer leur estat n'espargnoient ni or ni argent
, Froissart, II, II, 223.
XVIe s. Ce nonobstant, prendre n'exaucerai [je ne ferai l'éloge de prendre des dons] En mon escrit, et si confesseray, Que bien souvent, quand à femme l'on donne, Le refuser est chose honneste et bonne
, Marot, I, 402.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. esalsar, exaltar, eyssaussar ; anc. espagn. exalzar ; du lat. exaltare, de ex, et altus, haut (voy. ce mot). On voit par l'historique que exhausser et exaucer sont le même mot écrit différemment : exhausser quelqu'un, lui donner de l'élévation, de l'honneur, le satisfaire, et, par extension, exhausser ou exaucer ses vœux, les satisfaire.