« encenser », définition dans le dictionnaire Littré
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encenser
- 1Faire brûler l'encens devant quelqu'un, devant quelque chose. Encenser une idole. Encenser les autels. Encenser l'évêque.
Absolument. Il entra pendant qu'on encensait.
- 2 Fig. Honorer d'une sorte de culte, d'hommage.
Elle [la politique romaine] encensait quelquefois le Dieu des Juifs avec tous les autres
, Bossuet, Hist. II, 12.Qui voudra désormais encenser mes autels ?
Boileau, Lutrin, I.Vénus… vous a-t-elle forcé d'encenser ses autels ?
Racine, Phèd. I, 1.On encense, et on adore l'idole qu'on méprise
, Massillon, Carême, Tent.Moi ! de ce fanatique encenser les prestiges !
Voltaire, Fanat. I, 1.Allez donc et jamais n'encensez ses erreurs
, Voltaire, Brutus, II, 4. - 3Donner des louanges excessives.
Pour gagner les hommes, il n'est point de meilleure voie que de donner dans leurs maximes et encenser leurs défauts
, Molière, l'Av. I, 1.Jamais il n'avait encensé le pouvoir arbitraire du premier
, Hamilton, Gramm. 5.On n'encensa jamais la vertu fugitive
, Voltaire, Triumv. I, 3.Sur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots
, Béranger, Prince de Navarre.J'encense une personne auguste ; Pour toi je ne puis plus chanter
, Béranger, Poëte de cour.Familièrement. Encenser à tour de bras, donner des louanges outrées.
- 4 Terme de manége. Le cheval encense, quand il fait avec sa tête un mouvement de bas en haut.
- 5Encenser a été employé comme un verbe neutre ; cette tournure n'a pas été reçue.
Encenser aux dieux,
Saurin (le Prédicateur) Disc. de saint Paul à Félix et Drusille.Il arrive assez souvent que toutes ces belles promesses [des prédicateurs dans les guerres de religion] sont suivies de la perte d'une bataille ; le prédicateur n'en est pas déconcerté ; il trouve cent admirables ressources : si l'on avait vaincu, on se serait trop confié au bras de la chair ; on aurait trop encensé à ses rets ; une défaite nous apprend que nous n'étions pas assez humbles
, Bayle, Dict. Déjotarus, note K. - 6S'encenser, v. réfl. Se donner les uns aux autres de l'encens, des flatteries.
HISTORIQUE
XIe s. Gaillardement touz [ils] les ont encensez
, Ch. de Rol. CCIX.
XIIe s. Joaz le mestier Deu cum prestres envaï, Encensa cum evesques in domo domini
, Th. le mart. 75. Este vus [voici] uns prudum de Juda ki vint de part nostre Seignur en Betel, e truvad le rei Jeroboam tut en estant, e cel altel aviultre [adultère] encensant
, Rois, p. 286.
XIIIe s. Que toutes les fames vivans Lor cors, lor cuers et lor pensées Ont de cele odor encensées
, la Rose, 20880.
XVe s. Il bouta sa teste au trou du retrait où il fut bien encensé, Dieu le sait, de la confiture de leans
, Louis XI, Nouv. LXXII.
XVIe s. Un charbon ardent s'estant coulé dans la manche d'un enfant lacedemonien, ainsi qu'il encensoit…
, Montaigne, III, 151.
ÉTYMOLOGIE
Encens ; provenç. encessar, ecessar ; catal. encensar ; espagn. incensar ; ital. incensare.