« empoigner », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
empoigner
- 1Prendre et serrer avec le poing. Il l'empoigna par le bras.
Qui pour une rondache empoigne un escabeau
, Régnier, Sat. X.Je me tins collé au bouc en empoignant avec les deux mains son épaisse toison
, Fénelon, t. XXI, p. 404.Il empoigne un oiseau comme il empoignerait une pierre
, Rousseau, Ém. I.Saisir quelqu'un pour le mettre en arrestation ou l'expulser. Empoignez-moi cet homme-là.
[Un gendarme] ne gagne point de batailles, il empoigne les gens
, Courier, II, 263.Fig. Dans un langage familier et d'artistes, intéresser vivement ou causer une forte émotion. Voilà un drame qui empoigne. C'est comme cela qu'on empoigne son lecteur.
- 2S'empoigner, v. réfl. Se saisir avec les poings ; et populairement, se colleter ; et fig. entamer une vive discussion.
Être saisi avec les poings. Cela s'empoigne facilement.
HISTORIQUE
XIIe s. Là veïst-on tante lance enpogner
, Ronc. p. 58. De tant cles [clefs] cum cil pout à dous [deux] mains enpuignier
, Th. le mart. 47.
XIIIe s. Et la mesenge a empoingnié Plein son poing de mousse et de foille
, Ren. 1770. Crois fi [il fit le signe de croix] par desor lui, à Dieu se comanda, Puis a saisi l'eschiele, à deus mains l'empuigna
, Ch. d'Ant. VI, 636.
XIVe s. Mais souventefoiz il avient, Qui trop empoigne pou retient
, Liv. du bon Jehan, 728. Tendre son arc et empoigner la sayette de quoy on veult traire
, Modus, f° LVIII, verso.
XVe s. Messire Henri de Flandre se tenoit tout devant, son glaive empoigné, et lançoit les horions grands et perilleux
, Froissart, I, I, 86. Dit-on pas, en commun latin, Que les gens vestus de fins draps, Soit d'escarlate ou de satin, Empoingnent l'honneur à plain bras ?
Recueil de farces, p. 339. Mais il faut que, sans nulle doutte [crainte], M'empoingnez ces deux malfaiteurs
, ib. p. 379.
XVIe s. Ne plus ne moins que qui voudroit empoigner l'eau
, Montaigne, II, 376.
ÉTYMOLOGIE
En 1, et poigne ; Berry, empogner.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
EMPOIGNER. Ajoutez :À peine un grand est-il débarqué, qu'il [Théophile] l'empoigne et s'en saisit, La Bruyère, IX.
REMARQUE
St-Simon a dit empoigner en parlant d'arguments, de raisons : Besons voulait répondre ; mais, ne pouvant trouver sous la main rien, pour ainsi dire, susceptible d'être empoigné…
, Saint-Simon, t. V, p. 101, éd. Chéruel, année 1710.