« emparer », définition dans le dictionnaire Littré

emparer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

emparer (s')

(an-pa-ré) v. réfléchi.
  • 1Se saisir de quelque chose. S'emparer d'un héritage. L'ennemi s'empara de la ville. Après s'être emparé des droits de ma naissance, Corneille, Œdipe, II, 2. Et je n'envierai plus le rang dont il s'empare, Corneille, Sertor. I, I. T'emparer d'une reine en son propre palais, Corneille, ib. V, 4.

    Terme de chimie. Il se dit des substances qui se combinent avec certaines autres, lorsqu'elles se trouvent en présence. Le fer s'empare de l'oxygène.

  • 2 Fig. S'emparer de la conversation. S'emparer des derniers moments de quelqu'un. Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans, Boileau, Art p. III. Il est aisé de s'emparer de l'esprit de M. de Richelieu, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 133, dans POUGENS. Je m'empare aussitôt de ce grand mouvement, Raynouard, États de Blois, IV, 1. Comme un reste de vie se retire vers le cœur à mesure que la mort s'empare des extrémités, Ségur, Hist. de Napol. IX, 6.
  • 3Prendre possession de l'âme, en parlant des passions et émotions. Une juste fureur s'empare de mon âme, Racine, Iph. V, 2. De vos sens étonnés quel désordre s'empare ? Racine, Athal. III, 5. Mais d'où vient que mon cœur frémit d'un saint effroi ? Est-ce l'esprit divin qui s'empare de moi ? Racine, ib. 7. La mollesse et la volupté s'emparent de mon cœur, Fénelon, Tél. I.

REMARQUE

Saint-Simon a supprimé le pronom personnel : Pour rendre la guerre plus animée et plus durable, [Louvois] fait brûler Worms, Spire et tout le Palatinat jusqu'aux portes de Mayence dont il fait emparer les troupes du roi, Saint-Simon, 406, 87. Mais cela est mauvais et ne doit pas être imité.

2. Emparé ne peut pas s'employer absolument au participe, il faut dire s'étant emparé ; et il y a une faute contre l'usage ou du moins un archaïsme dans ce vers : Son génie emparé de la nature entière, Viennet, Épître à Fontanes.

HISTORIQUE

XVe s. Celuy an emparerent [fortifièrent] les Anglois la ville de Sainct Jame de Beuron, laquelle chose ils ne devoient faire, Chartier, Hist. de Ch. VII.

XVIe s. Donnons licence de fortifier et emparer le dit bourg, Du Cange, arcaturia.... Vous ne seriez point honorée Simplement d'une pomme ronde, Mais auriez la main emparée De la monarchie du monde, Saint-Gelais, 179. On a beau clorre et de clefs s'emparer [se remparer], On ne saurait les desirs separer, Saint-Gelais, 200. Depuis, l'ambition est survenue, laquelle a emparé les hommes mortels des despouilles qu'elle avoit ravi à Dieu, Calvin, Inst. 69. Le vice adhere tousjours aux entrailles de celuy qui s'en est une fois emparé, Amyot, Du vice et de la vertu, 3.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et portug. amparar ; ital. imparare, apprendre ; de in, en, et parare, disposer, préparer (voy. PARER). Le sens propre de ce mot est rendre prêt, fortifier, et, par suite, saisir.