« dégainer », définition dans le dictionnaire Littré

dégainer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dégainer

(dé-ghê-né) v. a.
  • 1Tirer une arme tranchante de sa gaîne. Il ne fallait les premiers dégainer l'épée, Bossuet, Var. 10.

    Fig. Je n'ai rien. - Et Morgué, dégainez vos écus, Hauteroche, le Deuil, sc. 14.

  • 2 Absolument. Il fallut dégainer, on l'a forcé à dégainer, c'est-à-dire il fallut mettre l'épée à la main, on l'a forcé de mettre l'épée à la main. … Mais si, par aventure, Comme les hommes sont souvent impatients, Il voulait dégainer avant qu'être céans, Scarron, Jodelet, IV, 7. Vous êtes de l'humeur de ces hommes d'épée Que l'on trouve toujours plus prompts à dégainer Qu'à tirer un teston s'il le fall ait donner, Molière, l'Étour. III, 5. Mais lui, sourd aux raisons qu'il a pu lui donner, A voulu sur le champ le faire dégainer, Regnard, Ménechm. IV, 8.

    Familièrement. Brave jusqu'au dégainer, se dit d'un fanfaron, et aussi de quiconque promet beaucoup et ne tient rien. C'est ce qui s'appelle brave jusqu'au dégainer, Sévigné, 231.

    PROVERBE

    Il ne frappe pas comme il dégaine, il est plus terrible en menaces qu'en effets.

REMARQUE

L'Académie, qui met un accent circonflexe à gaîne, n'en met pas au composé dégainer. C'est une anomalie inutile.

HISTORIQUE

XVe s. Tellement leva à chacun la colere, qu'ils se leverent en piez, et mirent chacun la main à la dague, et vouloient deguainer l'un sus l'autre furieusement, Mém. d'OL. DE LA MARCHE, p. 33, dans LACURNE. Les paroles qu'elle decocha ne furent pas moins tranchantes que rasoirs degainant bien affilés, Louis XI, Nouv. I.

XVIe s. Leur vraye justice est de persecuter les meschans à glaive desgainé, Calvin, Instit. 1200. Si aucun desguainnoit l'espée ou baissoit la pique, il ne pouvoit plus renguainner ni relever la pique, Amyot, Pyrrhus, 76.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et gaîne.