« dénuer », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
dénuer
- 1Dépouiller de choses nécessaires.
- 2Se dénuer, v. réfl. Se dénuer du nécessaire pour ses enfants.
HISTORIQUE
XIIe s. Cil ki est denueiz az espées de ses anemis
, Job, 444. Non ferai, dame, par les iex de mon chief ; Quar tos jors mais me seroit reprochiés, Hons desnués [désarmé] n'iert jà par moi touchiés
, Raoul de C. 293.
XIIIe s. Et les autres metaus desnuent De lor formes, si qu'il les muent En fin argent par medecines
, la Rose, 16343. Et quant illec se voit cheüe, Sa chiere et son habit remue, Et si se desnue [se met nue] et desrobe, Qu'ele est orfenine de robe
, ib. 6175. Et Jupiter li fist [à Argus] trenchier Le chief, por Io revenchier, Qu'il avoit en vache muée, De forme humaine desnuée
, ib. 14592.
XIVe s. Aucunes choses sont desquelles se un homme est desnué et que il ne les a pas, sa felicité en est aussi comme honie ou anullée
, Oresme, Eth. 20. Les mors ont denué et les armeures pris
, Guesclin. 780. Chil qui furent en l'ost ont les mors desnuez, Et puis, en une fosse, si les a-on getés
, Baud. de Seb. IX, 189.
XVe s. Et disoient que on feroit un grand outrage, si on denuoit le royaume d'Angleterre de deux mille hommes d'armes
, Froissart, II, III, 18.
XVIe s. M'advertissans de la froide venue Du triste hyver, qui la terre desnue
, Marot, I, 223. Desnué d'esperance
, Marot, II, 12. Job recognoist que c'est Dieu qui l'a desnué de tout son bien
, Calvin, Instit. 160. Il feit marcher les siens contre les Lacedaemoniens, qui avoient les flancz desnuez de gens de cheval
, Amyot, Philop. 16. Et ne demouroit au roy que le nom de royaulté seulement denué de toute puissance
, Amyot, Lys. 43. L'histoire est denuée de foi par ceux qui la r'emplissent de miracles
, D'Aubigné, Hist. I, 189. La difficulté des approches estoit principalement en faute de terre, de laquelle toute l'isle est desnuée
, D'Aubigné, ib. 240. Si l'os, estant desnué, on frappe dessus…
, Paré, VIII, 2.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. denudar, desnudar ; ital. disnudare ; du latin denudare, de la préposition de, et nudus, nu (voy. NU). Dénuer et dénuder, tirés tous deux de denudare, témoignent de leur date par leur formation : le second est un calque, le premier est une modification du mot latin commandée par l'oreille de nos aïeux.