« décharner », définition dans le dictionnaire Littré

décharner

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décharner

(dé-char-né) v. a.
  • 1Dépouiller les os de la chair.
  • 2Amaigrir, ôter l'embonpoint. La maladie l'a tout décharné. Ce visage si grave N'a sauvé toutefois des ravages du temps Qu'un peu d'os et de nerfs qu'ont décharné cent ans, Corneille, Illusion comique, I, 1.
  • 3 Fig. Décharner son style, le dépouiller d'agréments, d'ornements. Il savait que les préceptes, quand on les traite d'une manière si nue et si subtile, ne sont propres qu'à dessécher l'esprit et qu'à décharner, pour ainsi dire, le discours, en lui ôtant toute grâce et toute beauté, Rollin, Hist. anc. t. XI, 2e part. p. 728, dans POUGENS.
  • 4Ôter aux arbres trop de bois.
  • 5 Terme de fauconnerie. Décharner un leurre, ôter le morceau de chair dont il est garni.
  • 6Se décharner, v. réfl. Devenir décharné. Ce cheval se décharne.

HISTORIQUE

XIIIe s. Che estoient Tapins qu'avions encontré, Trestout maigre et caitif et de fain descarné, Ch. d'Ant. V, 880. Et il qui me vit megre et descharné de la maladie, et en l'abit que je avoie esté en prison, dit que il ne m'en bailleroit nulles, Joinville, 250.

XIVe s. Tu l'abescheras [donneras au faucon la becquée] sur le loirre, puis le descharneras [tu ne le laisseras pas achever la chair], Modus, f° LXXXII, verso.

XVIe s. Et pour ce que la tuerie et la pillerie duroient sans fin, les plus advisez pour descharner [désacharner] leurs gens, trouverent in vention de les faire passer à Limoux, D'Aubigné, Hist. I, 138. Les dents [des ladres] sont descharnées, Paré, XXII, 10. Amuser la curiosité de nostre esprit, luy donnant où se paistre, à ronger cet os creux et descharné, Montaigne, II, 238. Mendiants aux portes, descharnez de faim et de pauvreté, Montaigne, I, 246.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et chair, anciennement char et charn ; provenç. et espagn. descarnar.