« coupe-gorge », définition dans le dictionnaire Littré

coupe-gorge

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coupe-gorge

(kou-pe-gor-j') s. m.
  • 1Endroit écarté, maison mal famée où l'on court risque d'être assassiné ou volé. Il semble qu'il ait passé toute sa vie dans un coupe-gorge, Sévigné, 597. Moabdar est devenu fou, Babylone est un grand coupe-gorge, Voltaire, Zadig, 15.

    Par extension. Les académies de jeux sont souvent des coupe-gorge. Le monde est un coupe-gorge, il n'y a que fraude, Saint-Évremond, dans RICHELET. Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c'est un coupe-gorge qu'une table remplie de trop de viandes, Molière, l'Avare, III, 5. Allons, c'est trop souffrir les chagrins qu'on nous forge ; Tirons-nous de ce bois et de ce coupe-gorge, Molière, Mis. V, 1. On joue le hoca : c'est un coupe-gorge, Sévigné, 224. Allons voir mon notaire ; et sortons, si je puis, Du coupe-gorge affreux et du bois où je suis, Regnard, Ménechmes, IV, 6. Un de mes amis me raconte une scène tragique dont il venait d'être témoin dans un de ces coupe-gorge à tapis vert dont je parlais tout à l'heure, Ch. de Bernard, la Peau de lion, § 10.

  • 2Au lansquenet, coupe-gorge, se dit du malheur de celui qui, ayant la main, tire sa carte avant que d'en avoir tiré aucune de celles des joueurs ; ce qui lui fait perdre tout ce qui est sur le tapis. Il a fait trente fois coupe-gorge aujourd'hui, Regnard, le Joueur, I, 7. Le hasard fit qu'elle [la grande duchesse] coupait M. le Grand, et qu'elle lui donna un coupe-gorge, Saint-Simon, 177, 110.
  • 3 Terme de marine. Courbe de charpente qui, formant la gorge du vaisseau, se courbe vers l'étrave et sous l'éperon.

    Au plur. Des coupe-gorge.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et fist en sa manche glacier Ung bien trenchant rasoer d'acier, Qu'il fist forgier à une forge, Que l'en apele cope-gorge, la Rose, 12300. Coupe-gorge [sorte d'arme] qui n'ist du fuerre [ne sort du fourreau], Fors quand larrecin vet en fuerre, Fabliaux mss. n° 7615, t. II, f° 191, dans LACURNE, au mot fuerre.

XVe s. Un grand coustel, appellé coppegorge, autrement ganivete, Du Cange, copagorgius.

ÉTYMOLOGIE

Couper, et gorge.