« choyer », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
choyer
- 1Soigner avec une tendre sollicitude, entourer de prévenances.
Je t'ai toujours choyé, t'aimant comme mes yeux
, La Fontaine, Fabl. VIII, 22.Il le choie, il l'embrasse, et pour une maîtresse On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse
, Molière, Tart. I, 2.Ta mère le choie ; Zara ne le néglige pas
, Courier, Lett. II, 102.On ne saurait choyer avec trop de précaution un esprit malade
, Exil de Cicéron, dans DESFONTAINES. - 2Conserver avec soin. Choyer des meubles.
De peur de voir finir mon argent, je le choie
, Rousseau, Conf. I. - 3Se choyer, v. réfl. Se procurer toute l'aise possible.
Moi, Monsieur ? quelque sot ! la colère fait mal ; Et je veux me choyer, quoi qu'enfin il arrive
, Molière, l'Étour. II, 7.
HISTORIQUE
XIIIe s. Quant ele est seule et enserrée, Cort tenue d'un vilainastre, Vos alez joer et esbatre ; Mais el ne se puet remuer, Tant sache son mari suer
, Roman de la Poire. Male-Bouche et tous ses parens, à qui jà Diex ne soit garans, Par barat estuet barater, Servir, chuer, blandir, flater
, la Rose, 7425. Il fait trop bon le chien chuer, Tant qu'on ait la voie passée
, ib. 7430.
XVIe s. Nos pedantes se trouveroient chouez [attrapés]
, Montaigne, I, 146. Je disois, en mes jours, de quelqu'un en gaussant, qu'il avoit choué la divine justice
, Montaigne, I, 310.
ÉTYMOLOGIE
Berry, chouer, chuer ; picard, chuer, parler bas, caresser, choer, gratter ; ital. soiare, flatter, soia, flatterie ; angl. to sue, demander avec instance, supplier ; d'un radical inconnu.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
CHOYER. - ÉTYM. Ajoutez : Un de mes correspondants, M. Petilleau, me fait remarquer que l'anglais to sue, même à titre de rapprochement, ne doit pas figurer auprès de choyer ; to sue est le français suivre, anc. français sieut, il suit, suent, suivent, etc. Cela est péremptoire ; mais, cette erreur écartée, les conjectures restent ouvertes pour l'origine de choyer. M. L. Havet, Romania, t. III, p. 330, pense que choyer n'a rien de commun avec chuer, chouer et l'ital. soiare. Le rapprochant du guernesiais couayer, ménager, économiser, épargner : couayer le feu, prendre garde au danger du feu, il le dérive d'une forme caucat, il choie, pour cavicat, dérivé de cavere, prendre garde, comme pendicare de pendere. Sa raison est que la diphthongue oi ne peut venir que d'un au (ou encore o et u). Au contraire, d'après M. Bugge, Romania, n° 10, p. 146, l'origine de ce mot est germanique : goth. Sūthjôn, chatouiller ; dans l'ital. soiare, le th germanique a été traité comme le d du lat. gaudium, gaudia, dans l'ital. gioia. Quant à la mutation de l's en ch, il l'explique par des exemples : chucre et sucre, chiffler et siffler. Quant à mon opinion, elle incline plus du côté de M. Bugge que de M. L. Havet. M. Havet est obligé de séparer l'ital. soiare du français choyer ; et cela paraît bien difficile. Or soiare ne s'accommode que de la dérivation allemande.