« caillou », définition dans le dictionnaire Littré
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caillou
- 1Pierre très dure, qui fait feu sous l'acier.
Et quand d'âpres cailloux la pénible rudesse De tes pieds délicats offensent la faiblesse
, Chénier, Élég. 3.Des veines d'un caillou qu'il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui petille en sortant
, Boileau, Lutr. III.Fig. Il a le cœur dur comme un caillou, ou un cœur de caillou, c'est-à-dire il est très dur.
Tous ces gens-là, monsieur, ont des cœurs de caillou
, Regnard, le Joueur, II, 9. - 2Cailloux, pierres qui ont l'apparence du cristal, comme les cailloux de Médoc, du Rhin.
Caillou d'Égypte, sorte de jaspe très figuré.
Nom de plusieurs pierres employées dans la fausse bijouterie.
- 3 Terme de géologie. Tout fragment de roche peu volumineux.
- 4Outil pour décrasser le creuset des ouvriers en cuivre.
HISTORIQUE
XIIIe s. Si durement [elle] s'estoit hurtée à un chaillo
, Berte, XXXII. Sailli la veille en mi la rue ; Tiercelins vit que vers li rue Qaillous et pierres…
, Ren. 7221. Cil drecent au chastel perrieres ; Grans cailloux de pesans perrieres, Por les murs rompre, lor envoient
, la Rose, 16066. Dont veïssiés ribaus d'assaillir aatis, Et jeter aus fondufles ces grans caillaus massis
, Ch. d'Ant. VI, 982.
XIVe s. Lors li a dit li roys que il avoit en son courage que le diz augures trenchast avecque son raseur un challeuz à travers : Pren donques, dist-il, cest challeul
, Bercheure, f° 19, verso. Bien estoient ung cent, que queuls, que boutillier, Qui veïst sur Bertran venir et costier Et jeter grans chaillos pour lui à empirier
, Guesclin, 960.
XVe s. Ce n'estoient cailliel ne fust, Mais chevaus et florins sans compte
, Froissart, Buiss. de jeun. Fine, franche, ferme et de hait Pour faire saillir estincelle D'un caillou par bonne cautelle
, Coquillart, Droit nouveau.
ÉTYMOLOGIE
Berry, chillou, chaillou, caille ; caillotte, chillotte, petit caillou ; Saintonge, chail ; picard, cailleu ; wallon, caie ; namurois, caiau ; rouchi, caliau ; provenç. calhau ; portug. calhão. Mot difficile. Diez, faisant ressortir l'analogie entre cailler et durcir, propose cailler, acceptable pour le sens ; mais, si caillou avait même origine que cailler, on trouverait parfois dans les anciens textes coaillou (voy. l'historique de cailler) ; ce qui n'arrive jamais. Grandgagnage le tire du flamand kai, kei, caillou. À cause du sens, on ne peut guère, jusqu'à présent du moins, admettre que calculus ; d'où, par suppression de l'u bref, calclus ; d'où chail ou chaille ; d'où, avec un suffixe ou, caillou ou chaillou. Ce suffixe ou et au dans le provençal fait difficulté ; car représentant la finale latine avus (clavus, clou), on ne voit pas comment il s'est joint à cail. Au reste les suffixes ont varié : il y a eu ot, otte, eul, iel, tous suffixes qui vont beaucoup mieux au primitif cail que le suffixe avus. Le celtique cal, dur, a été indiqué.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
CAILLOU. - HIST. Ajoutez :
XVIe s. Cinq cents de caillots achetés rendus sur ledit pont [d'Orléans], pour payer l'arche d'oultre la croix
, Mantellier, Glossaire, Paris, 1869, p. 16.